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Les noms de lieux témoignent de l'histoire d'un pays.

La toponymie a pour objet l'étude des noms de lieux (toponymes) et comporte plusieurs catégories :

- l'oronymie étudie les noms de montagnes

- l'hydronymie étudie les noms de cours d'eau

- la microtoponymie les noms de lieux-dits

- l'odonymie le nom des rues

 

La toponymie a toujours représenté un enjeu politique puisque nommer c’est s’approprier. Au-delà du nom, c’est la langue et donc le territoire du locuteur qui s’impose.

 

Il est amusant (ou inquiétant) de constater que les nouveaux outils informatiques sont utilisés à cette fin : pour qui va par exemple sur Wikipédia, l’encyclopédie en ligne réalisée par les internautes, on peut très vite constater que les noms creusois et marchois sont systéma-tiquement doublés par un nom en occitan écrit dans la graphie occitane.

Cette démarche peut ressembler en bien des points à toutes ces politiques d’assimilation  que  subissent celles et ceux que l’on néglige mais dont le territoire revêt une importance stratégique : « En Kabylie, comme dans toute l’Afrique du Nord, les différents envahisseurs ont tenté de marquer de leur empreinte la toponymie. Aujourd’hui encore, le nom des villes, des villages et des collectivités kabyles sont tributaires d’une francisation et d’une arabisation voulues par les Etats successifs et qui se poursuit de nos jours (…). »

http://www.rezki.net/La-toponymie-un-instrument.html

 

 

Toponymie et occitan

Les enjeux de la toponymie sont importants, voire vitaux, puisqu’elle est vue comme un élément culturel du patrimoine qui va permettre d’affirmer une identité occitane… et d’installer des panneaux en occitan accompagnés de la croix toulousaine : « ce patrimoine, en constante extension ou enrichissement, nous permet d'affirmer une identité culturelle et non pas de revendiquer une exception culturelle parce que le patrimoine dont le toponyme est un des fleurons n'est pas une exception mais une réalité » écrit l’Institut d’Etudes Occitanes.

Ce n’est pas pour rien que s’est tenu un colloque Toponymie et Signalisation bilingue en novembre 2007, organisé par l’Institut d’Etudes Occitanes et le Centre de Ressources Occitanes et Méridionales en partenariat avec le Conseil Régional de Midi-Pyrénées et le Conseil Général du Gers. A cette occasion, sous le titre de  LA TOPONYMIE OCCITANE, UN PATRIMOINE À PRÉSERVER, l’Institut d’Etudes Occitanes sis à Toulouse affirme que « s'il est une évidence, c'est bien que la toponymie fait partie intégrante de ce que l'on appelle notre héritage, ce bien commun, appartenant à tous (…) Héritage que nous devons partager tant il est le signe le plus fort de notre identité culturelle, l'âme de la communauté ».

 

Différences syntaxiques

D’après Bernard Bouillon qui enseigne à l'Université d'Artois (UFR de Lettres et Arts d'Arras) la Linguistique et l’Histoire de la langue, spécialiste en Grammaire française, l'ordre des mots est différent entre la langue d’oil et la langue d’oc : pour l’oil hérité du  francique, l'adjectif est dit antéposé au nom, c’est-à-dire qu’il se place avant le nom qu’il qualifie alors que c’est souvent l’inverse en oc.

On retrouve cet aspect dans les noms de lieux (toponymes), les noms de villes d’oc : Villefranche de Lauragais (près de Toulouse), Villegailhenc près de Carcassonne, Villeneuve-sur-Lot, etc…

Bien sûr, ce n’est pas une règle figée : on trouve aussi cette particularité en zone d’oil : Villeneuve-la-Garenne en Région parisienne et Villeneuve dans l’Ain, le Loir-et-Cher et le Maine-et-Loire.

 

Cette particularité linguistique se retrouve en Creuse quasiment à égalité sans qu’il y ait là encore une démarcation nord-sud au sein du département :

 

Oil

Oc

 

Basville

Bellegarde-en-Marche

Clairavaux

Le Grand-Bourg

Trois-Fonds

Vigeville

Mourioux-Vieilleville

Saint Silvain Bas le Roc

Saint Silvain Bellegarde

St Pardoux Morterolles

Saint Pierre Bellevue

Saint Georges Nigremont

Malval

 

 

Bourganeuf

Bussière-Nouvelle

Bussière-Dunoise

La Celle-Dunoise

Fransèches

Lavaufranche

Magnat-l'Étrange

Montaigut-le-Blanc

Pierrefitte

La Villedieu

La Villeneuve

La Villetelle

 

Sur ce plan, on retrouve bien l’idée que la Marche est cette zone tampon entre les pays d’oil et les pays d’oc et que si elle en a bien évidemment subi leurs influences, elle n’en a pas pour autant perdu son identité propre.

 

 

Noms de communes en -AC

On cite souvent cet exemple en toponymie puisque Henri Mallet a tracé en 1940 une « ligne de démarcation » entre les toponymes en -ac, qu’il considèrait comme étant de caractère occitan et les toponymes en -ay, -é (ou -y) de type oilitant.

(Henri Mallet, Les noms de lieux en Charente et les anciennes limites de la langue d'oc, Bulletins et. Mémoires de la Société Archéologique de la Charente, 1940).

Ces différents toponymes écrits différement proviennent tous du nom de villas gallo-romaines (nom d’une personne + suffixe –acum, l’ensemble désignerait l'appartenance d'un domaine à un homme) mais la langue a modifié le rendu final.

 

En 2009, sur les 260 communes du département de la Creuse (source INSEE), on recense seulement 7 communes finissant en « -ac » (Saint-Pierre-de-Fursac, Marsac, Genouillac, Boussac, Boussac-Bourg, Parsac et Blessac) ce qui représente 2,6 % de l'ensemble des communes creusoises.

 

Comparaisons pour vérifier

Pour avoir une idée plus précise de cette réalité toponymique, l’étude des communes en –ac des départements oilitans et occitans voisins est significative et démontre que la Creuse n'est que faiblement influencée par ce type de toponymie et qu’elle se rapproche sans conteste des résultats de l’Indre et de la Vienne.

 

Oil

Oc

Indre : 2 %

Haute Vienne : 22,8 %

Vienne : 2,1 %

Corrèze : 23 %

Cher : 0,3 %

 

Allier : 0,3 %

 

 

On peut en tout cas déduire de cette recherche que la grande différence entre les pays limousins occitans et la Creuse marchoise peut, par exemple,  être mis en réseau avec les clochers-murs qui, s’ils sont très présents en Corrèze, ne franchissent que faiblement la montagne marchoise qui sert là encore de frontière naturelle.

 

Noms de communes avec -LH

Pour en savoir un peu plus sur l’utilisation incongrue du –lh et du -nh occitans en Creuse, la toponymie peut se révéler utile. Il apparaît, en consultant la liste 2009 des communes de chaque département, qu’aucune des 260 communes creusoises actuelles ne possède dans son nom le –lh ou -nh occitan.

Par contre, dans les trois départements du Languedoc, on peut constater que, malgré la francisation des noms, il reste des traces de ces digrammes : L’Aude (Carcassonne) recense 10 communes en comportant, le Gard (Nîmes) 8 et l’Hérault (Montpellier) 14.

Il en va de même dans la partie occitane de la Haute-Vienne avec 8 communes (Janailhac, Mailhac-sur-Benaize, Meilhac, Peyrilhac, Rilhac-Lastours, Rilhac-Rancon, Séreilhac et Vicq-sur-Breuilh).

NB : cette recherche n’a pas pris en compte les hameaux ce qui aurait été encore plus révélateur.