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Le Sujet

              Le sujet dansla phrase :

                   élément de différence

             entre marchois et occitan

 

 

« Une différence fondamentale des langues romanes consiste en la réalisation de pronoms sujets : le français et les dialectes romanches ne connaissent que l’emploi obligatoire de pronoms sujets et utilisent un pronom explétif comme sujet dans les constructions impersonnelles. Par contre, la plupart des langues romanes (espagnol, portugais, italien, occitan etc.) sont des langues à sujet nul, c.-à-d. le pronom sujet n’est employé qu’en cas de mise en relief. Dans ces langues, on constate généralement l’absence obligatoire de pronoms explétifs »

Hinzelin et Kaiser, Le paramètre du sujet nul dans les variétés dialectales de l’occitan et du francoprovençal.

 

 

Un des principes universaux avancés par le linguiste américain Noam Chomsky en 1981 et 1995 est celui selon lequel il doit obligatoirement y avoir un sujet dans une phrase finie (c'est une hypothèse de base de la théorie du Gouvernement et du liage ou GB : Government and Binding Theory).

A la suite de ses travaux sur le « sujet nul », David Perlmutter (University of California, président de la Linguistic Society of America) « décrit une différence typologique fondamentale des langues du monde concernant la réalisation de pronoms sujets ».

 

Or, la plupart des langues romanes (espagnol, portugais, italien, occitan, etc.) sont des langues à sujet nul, comme le latin, c’est-à-dire que le pronom sujet est généralement absent sauf à de très rares exceptions lorsque l’on veut pour insister sur le sujet ou pour donner plus de poids à la phrase.

 

Ainsi donc, concernant les langues romanes, il existe une division selon ce paramètre de « sujet nul » : « Contrairement à cette majorité des langues romanes, le français et les dialectes romanches, en général, ne connaissent que l’emploi obligatoire de pronoms sujets référentiels et explétifs (avec quelques exceptions bien limitées). Dans ces langues, est intervenu un changement linguistique qui les distingue clairement du latin et d’autres langues romanes (…) » Marc-Olivier Hinzelin et Georg A. Kaiser (Universität Konstanz / University of Oxford) Le paramètre du sujet nul dans les variétés dialectales de l’occitan et du francoprovençal.

 

Marchois

Français

Occitan

I, y, yo

ti

ou

alle

ne

ous

i

alles

je

tu

il

elle

nous

vous

ils

elles

-

-

-

-

-

-

-

-

 

En marchois, on le voit sur ce tableau, on emploie un pronom personnel sujet, comme en langue d’oil (français), tandis qu’il n’est pas utilisé en langue d’oc (occitan).

L'absence de l'article partitif caractérise donc les langues d'oc.

 

« La conservation de désinences verbales assez variées pour exprimer par elles-mêmes les rapports personnels dispense de l’emploi des pronoms sujet » estimait le linguiste occitan Jules Ronjat.

« Le paramètre des sujets nuls a été proposé par Taraldsen (1978), Chomsky (1981) et Rizzi (1982), entre autres, pour expliquer le fait que certaines langues permettent l'omission de sujets » Susanne A. Carroll, Centre des langues modernes - Institut des Études Pédagogiques de l'Ontario.

 

FRANÇAIS

MARCHOIS

OCCITAN

elle aime

alle aime

Aima

vous aimez

ous aimez

Aimatz

 

Cette absence de je, tu, il, etc., marque une différence fondamentale avec le marchois qui va tout au contraire obligatoirement l’utiliser.

 

On notera aussi que le marchois, qui n’est pas pour autant une langue d’oil, partage avec le bourbonnais, le berrichon et le poitevin, ces pronoms personnels employés comme sujets.

Dans le parler bourbonnais voisin, qui utilise les pronoms personnels sujets puisque c’est une langue d’oil, peu de ressemblance avec le marchois si ce n’est la troisième personne du singulier et du pluriel, le reste étant très proche du français.