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Jean-Michel Monnet-Quelet, Glossaire marchois des animaux ailés, 190 pages Editions des régionalismes, http://editions-des-regionalismes.com/
Résumé Pour réaliser ce livre consacré aux animaux ailés (oiseaux, insectes, gallinacés et autres volailles de basse cour), de nombreuses sources ont été consultées. Parmi elles, l’Atlas linguistique de la France (ALF), les atlas linguistiques régionaux et des ouvrages consacrés à la langue marchoise parlée dans huit départements (Charente, Vienne, Indre, Cher, Haute Vienne, Creuse, Allier et Puy-de-Dôme) et trois régions administratives (Nouvelle-Aquitaine, Centre-Val de Loire, Auvergne-Rhône Alpes). Le « patois » marchois est en lien direct avec le quotidien et l’usage social de la langue ne fait aucun doute. Façonné depuis des siècles, il sait, entre autre, nommer les animaux. L’étude du vocabulaire est donc un élément important pour définir cet idiome. Soucieux de ne pas se limiter à proposer une simple succession de mots, l’auteur a cherché à élargir son propos avec une recherche étymologique. Le lecteur peut aussi trouver dans cet ouvrage consacré à la faune, des anecdotes, des comptines, des expressions en marchois, des cartes, etc. Jean-Michel Monnet-Quelet est enseignant. Attaché à ses racines creusoises, il mène depuis plusieurs années des recherches dans le domaine linguistique du marchois (aussi appelé Croissant), cette langue parlée au centre de la France. Il a déjà publié Le marchois, enquête sur un « patois » parlé en Creuse (2011), La Creuse en Marche (2012), Le croissant marchois, entre oc et oïl (2013) et rédige régulièrement des articles dans diverses revues et sites creusois.
Déjà publiés : Le marchois, enquête sur un « patois » parlé en Creuse (2011), La Creuse en Marche (2012), Le Croissant marchois, entre oc et oïl (2013) Le précédent ouvrage de Jean-Michel Monnet-Quelet consacré au Croissant marchois est disponible ICI aux Editions des régionalismes, collection LINGUISTIQUE (Langues de France).
Ouvrages publiés par J-M Monnet-Quelet : Le marchois, enquête sur un "patois" parlé en Creuse, Etudes marchoises, 2011 La Creuse en Marche ou le mythe occitan à l’épreuve des faits historiques et socio-culturels Etudes marchoises, 2012 : cliquez ICI pour la présentation du livre Le Croissant marchois, entre oc et oïl, Editions des régionalismes, 2013 : cliquez ICI pour la présentation du livre
Au lecteur, à la lectrice, de se faire une idée sur la nature de la langue marchoise. Loin d’être exhaustif, ce travail pourra être enrichi par celles et ceux qui le souhaitent. Toute information est à envoyer par mail à : les.etudes.marchoises@gmail.com. Merci !
Ce site est en pleine rénovation. Il est consacré aux recherches linguistiques dans le domaine marchois parfois appelé Croissant (Charente, Vienne, Creuse, Haute-Vienne, Cher, Indre, Allier, Puy-de-Dôme) et aux études historiques, géograhiques et culturelles en Basse et Haute Marche.
Ici, pas de revendication régionaliste ou nationaliste, pas d’impérialisme marchois accompagné d’annexions « territoriales » et d'assimilation culturelle, pas de « Front de Libération Nationale de la Marche », pas de "Marchie" comme futur territoire basé sur la langue, pas de sous-entendus racistes ou xénophobes, pas de nostalgie passéiste des provinces royales. Le drapeau n'est qu'une commodité, pas un emblème au nom duquel il faudrait se battre (sur celui de la Marche, le visage de Marianne pourrait d'ailleurs judicieusement remplacer la fleur de lys...).
La Marche et le Croissant marchois
Citant le travail de Robert Specklin[1], ancien chargé de recherches au CNRS, l’historien britannique Graham Robb écrit qu’« une étude fondée sur des photographies aériennes et sur un examen de la toponymie a localisé ce qui aurait pu être une zone frontalière : une région couvrant l’essentiel de l‘ancienne province de la Marche et correspondant au fameux « Croissant » où les dialectes comportent des éléments d’occitan et de langue d’oïl. Ce limes séparait peut-être autrefois les tribus ligures des envahisseurs celtes et, plus tard, les romains des barbares » [2]. [1] Robert Specklin, Etudes sur les origines de la France (fin) in Acta geographica, 50, 2e trim. 1982 [2] Graham Robb, Une histoire buissonnière de la France, 2011
Carte tirée de : Graham Robb, Une histoire buissonnière de la France, 2011
Les langues régionales présentent un réel intérêt dans le domaine linguistique, même si elles ne sont, le plus souvent, qu'utilisées pour la vie quotidienne et dans un espace restreint. A ce titre, elles méritent d’être sauvegardées, pratiquées même si elles sont hélas globalement employées par les habitants des zones rurales âgés de plus de 50 ans. Tous ces locuteurs étant francophones, leur utilisation a tendance à décliner.
Pour autant, il ne faudrait pas, en se cachant derrière l’Europe qui défend les langues minoritaires, reconstruire la tour de Babel. Le français, grâce à la Révolution de 1789, est devenu une langue commune qui a permis de rapprocher les hommes au lieu de les diviser même si cela s’est fait parfois à marche forcée…
Du côté du CNRS
Présentation du PDF de Maximilien Guérin (séminaire de Poitiers en 2017) :
Documents à télécharger :
Glossaires/dictionnaires à consulter :
Articles de presse à lire :
Les dés sont jetés pour la grande région Aquitaine. Les tenants de l’option Centre ne désarment pas, article du 27/07/2014. Documents audios : CREUSE
Français : je m’appelle Andrée > Marchois : y m’appelle Andrée /i m’apèl’ andré/ Français : j’habite à la Loze à Saint Léger-le-Guérétois. Marchois : y habite à la Loze à Saint Legie-le-Guérétois /i y’abit’ à la loz' a sin l’dji l’guérétoi/
Autre extrait : cliquez ICI
Français : les vaches sont dans le champ > Marchois : las vachas sont au champ /la vacha sou o chan/ Français : les hommes sont en train de travailler. Marchois : lous hommes sont en train de travaillar /lou omaï sou en trin de travaya/ Français : je suis bien contente d’être ici Marchois : é sais bien contente d’être ci /é sé bien countente d’étr’ ki/ Français : je vais réviser toutes mes chansons même le Turlututu Marchois : é va revisa toutas mas chansous même le Turlututu /é va réviza touta ma chansou mém’ l’ turlututu/ Français : j’aime bien parler patois.
Marchois : y aime bien parlar patois /y’èm’ bien parla patoi/
HAUTE VIENNE MARCHOISE
4’30 Français : je vais parler patois > Marchois : y va causar patois /i va coza patoué/
5’56 Français : j’aurais mal au ventre > Marchois : y aurais le mau de ventre /i y’oré l’mo d’ventr’/ 8’23 Français : mets pas ton doigt ici, je vais te le couper ! Marchois : mets pas ton dait ci, é va te le coupar ! /mé pa ton dé ki é va t’le copa/ etc.
Petites et grandes histoires de la Basse-Marche Avec Claude Peyronnet, les petites histoires font les grandes histoires. Tous les week-ends, il nous raconte nos histoires de vie, les racines de la région. Avec lui, découvrirez l’histoire, le patrimoine et la personnalité de la Basse-Marche. A partir de textes d’auteurs locaux, Claude Peyronnet déroule un fil qui nous dévoile la région. La Basse-Marche a plein d’histoires à raconter. Ecoutez les, les samedis à 11h et dimanche à 13h, avec « Petites et grandes Histoires de la Basse-Marche ». Elles sont à retrouver en pod-cast
ALLIER source : commune de Louroux-de-Bouble http://louroux-de-bouble.planet-allier.com/
Ou est in bagoulant /ou é in bagoulan/ "C'est un homme qui parle à tort et à travers"
Y ai pris cou et y o-z-ai bailla / y’é pri cou é i yo zé baya/ "J'ai pris ça (cela) et je le lui ai donné"
O-l-a ine ratelle de diable /o-l-a ina ratél’ de djabl’/ "Il a une voix très puissante"
La troufigne prou dau cul /la troufign’ prou do tchou/ "Elle se donne des airs"
Dis me z-o donc /di m'z’o don/ "Dis-le moi donc"
O-l-a bien de la chetiverie /ol’a byin d'la ch'tiv’ri/ "Il a beaucoup de canaillerie"
Documents vidéos :
Pour voir cette vidéo, cliquez sur le lien ou l'image ci-dessous : http://bcove.me/k70vixdn" target=?
Le ralet de Boirounet (la grenouille de Boirounet)
C’ere un seir après la métive /kér’ un sér’ apré la métiv’/ C’était un soir après la moisson.
Le soleil tapove sur lous naz et sechove lous gargouets. /le soleï tapov’ sur lou na é sechov’ lou gargoué/ Le soleil tapait sur les nez et séchait les gosiers.
Boirounet de Villetant avait si sef qu’ou se précipitait sur une source pour y beure à pleine bouche. /bouérouné d’ vil’tan av’ si sé k’ou s’précipiti sur’ une sours’ peur’ y beur’ a pyèn’ bouch’/ Bouérounet de Villetenant avait si soif qu’il se précipita sur une source pour y boire à pleine bouche.
La source ere recouverte de cresson /la sours’ ér’ r’couvèrt’ de crésson/ La source était couverte de cresson.
Ou l’écartait avec lous daits de sa main, en même temps que la boune aigue, ou avalait un ralet. /o l’écarti é avek lo dé d’sa min, an mêm' tan k’la boun’ yèg’ , ou z’avalé in ralé/ Il l'écartait avec les doigts de sa main, en même temps que la bonne eau, il avalait une grenouille.
C’ere pas bien bon, y vous au dis ! /kér' pa bien bon i vou z’o di/ Ce n’était pas bien bon, je vous le dis !
Boirounet essaya d’appuyar sur son ventre, de dansar la chebre bure, de se mettre la tête dans l’aigue en ouvrant la bouche pour faire sortir le ralet. /bouérouné éssaya dapouya su son veintr’ , de dansa la chèbr’ bur’ , de s’métr’ la tyèt’ dan lyèg’ en ouvran la bouch’ pour fèr’ sortir’ l’ralé/ Boirounet essaya d’appuyer sur son ventre, de danser la chèvre bure, de se mettre la tête dans la source en ouvrant sa bouche pour faire sortir la grenouille.
Le paure gars s’en retournait à Villetant la tête basse et le ralet dans l’estomac. /l’por’ ga san r’tourni a vil’tan la tyèt’ bass’ é l’ralé dans l’estoma/ Le pauvre gars s’en retournait à Villetenant, la tête basse et la grenouille dans l’estomac.
Depeus co jour, le ralet grossissait dans son nouveau logement et chaque coup qu’ou ait sef, ou se mettave à couinar. /dépeu tcho jou’ le ralé grossissi dan son nouvo logemain é chak co kou aï sé , ou s’métav’ a kouina/ Depuis ce jour, le râlet grossissait dans son nouveau logement et chaque fois qu’il avait soif, il se mettait à couiner.
C’ere bien amusant /kér’ bien amusan/ C’était bien amusant...
Lous vesins disserèrent à Boirounet /lo vezin dissérèr’ bouérouné/ Les voisins dirent à Boirounet :
« Oh ! t’es ventriloque aneut ? » /o t’é vantrilok aneu ?/ « Oh ! t’es ventriloque aujourd’hui ? »
Et non, y ai avala un ralet et ou cause. Ou couine tant qu’ou a sef. Faut que y lyi doune a beure pour le calmar. /é non , y’é avala in ralé é ou kouoz’ , ou kouin’ tan kou z’a sé , fo k’i yi doun’ a beur’ pour’ le calma/ « Et non, j’ai avalé un ralet (une grenouille) qui cause. Il couine tant qu'il a soif. Faut que je lui donne à boire pour le calmer ».
Et ou donnave das explications en beuvant une chopine, un apéro. /é ou donav’ an b’van une chopin’, in apéro/ Et il donnait des explications en buvant une chopine, un apéro.
C’est pas la peine de vous dire que le ralet chantive souvent dans l’estomac de Boirounet... /ké pa la pèn’ de vou dir’ ke l’ralé chantiv’ souvan dan léstouma d’bouérouné/ Ce n’est pas la peine de vous dire que la grenouille chantait souvent dans l’estomac de Boirounet...
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La rainette est une ralette dans le sud du Cher qui parle marchois (Saint Jeanvrain), un ralet en Creuse, un rale /ralé/ en Dordogne, en Corrèze, un rale /ral’/ en sud Charente. Une crécelle, c’est un moulinet, généralement en bois, formé d'une languette flexible qui produit un crépitement. Ce mot s’emploie aussi en parlant du cri, des bruits, émis par un animal (cigale, grillons)[1]. Dans une nouvelle de Jules Laforgue intitulée Lohengrin, fils de Parsifal, on peut lire qu’ « on n’entend par la nuit, pleine de solutions ordinaires, que la crécelle radoteuse des reinettes des étangs »[2]. De fait, la crécelle est asssociée à la grenouille au sens large et porte le nom de rainette dans la Nièvre, la Côte-d’Or... et celui de rolet dans la Nièvre, de ralot dans le Cher.
Le Croissant marchois
Pourquoi appeler cette langue le marchois ?
Michel Banniard est professeur à l’Université de Toulouse-Le Mirail, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études, et son travail porte sur l’histoire des langues romanes, depuis les origines latines jusqu’au Moyen Age. Ce spécialiste préfère appeler marchois « les parlers de la zone occidentale de l’aire de transition finale du limousin au poitevin et au berrichon et de l’auvergnat au bourbonnais, désignée du nom un peu étrange de "Croissant" ». Pour lui, la référence à la "marche" d’un point de vue linguistique possède l’avantage d’évoquer une zone de contact qui repose « sur une assise historique et institutionnelle ». Michel Banniard, Sur la notion de fluctuation langagière en diachronie longue (IIIe+VIIIe s.) à la lumière des enquêtes dialectologiques contemporaines, 2002
Le terme marchois au plan linguistique doit donc être pris comme une convention, dans un sens large et institutionnel même s’il déborde à l’est du cadre historique que fut le comté de la Marche. Il n’y a pas pour autant de volonté hégémonique sur les régions naturelles qui conservent toute leur originalité et leur nom spécifique. Le toponymiste Ernest Negre écrit ainsi fort justement que « la Combraille, région de hautes collines boisées entre Evaux, Creuse, et Montaigut en Combraille, Allier, dans le Croissant » est une « région entre langue d'oïl et langue d’oc ». Ernest Negre, Toponymie générale de la France, tome 1, 1990, p. 259
Le Montluçonnais Louis Péroux, dans son Etude sur les parlers populaires dans la région de Montluçon (1926), mentionne les dialectes d’oïl (« ou galliques ») du Poitou, du Berry, de la Bourgogne, et ceux de langue d’oc (« la forme dite Romane ») du Limousin et de l’Auvergne : « entre ces deux, le parler du pays de Combrailles, le sujet de cet opuscule »1. Louis Péroux utilise à plusieurs reprises le terme parleange2 pour définir le "patois" parlé dans la région de Montluçon et, concernant ce qu’il appelle le Marchois ou Marcheix, « ces dires que l’on entend dans les vallées de la Gartempe, de la grande et petite Creuse », il établit le constat d’une réelle similitude avec son parleange : le lexique est identique (« à peine quelques mots sont différents »), les toponymes en Y sont aussi présents (« Sazeray, Fonteny, Pouligny »3) et il y a les « mêmes voyelles, même diphtongues partout. Peut-il être plus proche parenté que cela ? »4. 1 Louis Péroux, Etude sur les parlers populaires dans la région de Montluçon, 1926, p. 2 2 Ibidem, p. 5 3 On peut citer dans cette partie du Croissant le bois Fonteny à Nouziers (23), la tuilerie de Pouligny à Chéniers (23), la commune de Sazeray au sud-est de l’Indre à la limite du département de la Creuse tout comme Pouligny-Notre-Dame qui est le point culminant de l'Indre (459 m.)4 Ibidem, p. 58 L’espace linguistique marchois recouvre en partie 8 départements (Charente, Vienne, Haute Vienne, Indre, Cher, Creuse, Allier et Puy-de Dôme) et des régions définies historiquement et géographiquement : L’Angoumois En Charente (cf. Saint Claud) Le Poitou En Charente (cf. Champagne-Mouton), dans la Vienne (cf. Coulonges) La Marche (basse) En Charente (cf. Alloue), Haute Vienne (cf. Le Dorat) et dans la Vienne (cf. Charroux) La Marche (haute) En Creuse (cf. Guéret), dans l’Indre (cf. Saint-Benoit-du Sault, Eguzon-Chantome) Le Boischaut (région naturelle) Dans le sud de l'Indre (cf. Lourdoueix-saint-Michel) La Marche (région naturelle) Dans le sud Cher (cf. Saint Jeanvrain) La Combraille marchoise En Creuse (cf. Gouzon), dans l’Allier (cf. Marcillat-en-Combraille) et le Puy-de-Dôme (cf. Saint-Eloy-les-Mines) Le Franc-Alleu En Creuse (cf. Bellegarde-en-Marche) Le Bocage bourbonnais, le pays Biachet Dans l’Allier (cf. Montluçon) La Limagne bourbonnaise Dans l’Allier (cf. Vichy) La Montagne bourbonnaise Dans l’Allier (cf. Le Mayet-de-Montagne)
« ceux de la Basse Marche ont leur parler mélangé de limousin et de poitevin [2]».
Il s’agit vraisemblablement de l'une des plus anciennes traces écrites concernant la langue marchoise : au XVIIe siècle, elle était déjà perçue comme présentant des caractères communs aux langues d’oc et d’oïl. Etabli par un « natif » au moment ou parler "patois" était usuel, ce constat précède de deux siècles les enquêtes linguistiques... Cela mérite d'être souligné.
[1] Pierre Robert, né et décédé au Dorat, fut premier magistrat de la Basse Marche. Il avait commencé la rédaction d'une Histoire de la Marche en associant l'histoire, la géographie et l'économie locale mais il ne put mener son travail à terme [2] Louis Pérouas, Pierre Robert, 1589-1658: un magistrat du Dorat entre érudition et observation, 2001, p. 92
Il y a trop de liens directs, de similitudes entre le marchois et différents dialectes d’oïl pour que ce ne soit le seul fait du hasard. Certains aspects linguistiques communs sont très anciens et remontent à l’ancien français. Ils n’ont donc aucun lien avec le français standardisé du XIXe siècle imposé par l’école de Jules Ferry. La langue marchoise est particulière, influencée par la langue d’oïl, la langue d’oc, et dotée de spécificités qui lui sont propres. La revendication occitane sur le Croissant marchois date de 1876 avec l'enquête des Montpelliérains Bringuier et de Tourtoulon. Elle est loin d'être évidente comme le montre une étude détaillée de sources diverses et variées :
Etudions cette « largeur » : (voir aussi ICI le domaine marchois) Charente
L’abbé Jean-Pierre Rousselot est loin d’être un inconnu : président de la Société Linguistique de Paris, auteurs de nombreux ouvrages, fondateur de la Revue des patois gallo-romans, de la Revue de phonétique, professeur au Collège de France, il enseigna l’histoire de la langue française à l’Institut catholique de Paris, y occupa la première chaire de phonétique expérimentale jamais créée dans le monde (1889) et se vit confier le premier laboratoire de phonétique.
C = Cellefroin D = Le Dorat S = La Souterraine M = Montluçon
Haute Vienne
· Une quinzaine de versions « patoisantes » de la Parabole de l’enfant prodigue a été relevé au début du XIXe siècle dans la Haute Vienne. Les enquêteurs avaient alors déjà identifié deux types de langage : - Le premier défini comme étant limousin, concerne Limoges et ses environs. - Le second, plus au nord, n’est à l’époque pas nommé (on sait maintenant qu’il s’agit du marchois). Il « s’éloigne plus ou moins du véritable patois limousin et se rapproche du français ». La langue parlée dans l’arrondissement de Bellac (Basse Marche) diffère du limousin « en ce qu’il est composé d’un plus grand nombre de mots absolument français, en ce qu’il n’admet pas d’autres sons que ceux usités dans la langue française et enfin en ce qu’on ne trouve pas dans ce langage aucune trace de l’accent limousin [1] ». Il apparaît de ces constatations que « la Gartempe est à quelques légères exceptions près la ligne de démarcation des deux divisions ». Source : Guylaine Brun-Trigaud, Le croissant, le concept et le mot, 1990
On voit avec ce dernier exemple que la Basse Marche, régie par une Coutume comme dans le nord de la France, ne fait pas partie du Limousin et donc pas de l’ « Occitanie du nord ».
Plus d'infos sur la Marche, basse et haute ? Cliquez ici
Onésime Reclus, géographe originaire du Béarn, faisait remarquer en 1908 que « pour plus d'exactitude, le vieil idiome d'oc, disons aujourd'hui le patois d'oc, n'a jamais régné dans toute la Marche ». Pour lui, le nord de la Marche relevait de « l’idiome du nord, en sa variété berrichonne ». Onésime Reclus, La France à vol d’oiseau, 1908, p. 68
Creuse
Antoine Bourdon (né le 14 avril 1752 dans le Loir-et-Cher à Blois et décédé le 8 juillet 1815 à Boussac en Creuse), fut élu à Riom pour le groupe du clergé à l’Assemblée nationale constituante et il y siégea du 24 novembre 1789 au 30 septembre 1791. Cet ancien curé devint ensuite en 1800 sous-préfet de Boussac. Chargé lui aussi de renseigner l’enquête impériale, il estime dans une lettre que le langage parlé localement ne peut être qualifié de patois, y voyant « plustôt un françois écorché ». Lettre du sous-préfet de Boussac, 29 juillet 1808, AD Creuse 186 T 1, cité d’après BOUSCAU 1987, in Sven Ködel
Le linguiste Antoine Thomas est né en Creuse. En 1879, après avoir mené une enquête linguistique dans ce département, il estime que le marchois, alors appelé patois du nord, « (…) n’est à vrai dire, ni de langue d’oïl, ni de langue d’oc; mais il offre, dans des proportions variées et simultanément des caractères que d’ordinaire l’on attribue exclusivement soit à la langue d’oc, soit à la langue d’oïl ».
Gustave Derennes fut inspecteur d'Académie à Guéret. En collaboration avec C. Delorme, il écrit en 1888 la Géographie du département de la Creuse. On peut y lire que « la langue française est parlée dans tout le département. Les patois usités dans les campagnes peuvent se rattacher, celui du Nord [le marchois] au patois berrichon, celui du Sud au patois limousin et celui de l'Est au patois auvergnat ». Gustave Derennes, C. Delorme, Géographie du département de la Creuse : physique, politique, historique, administrative, économique et commerciale, 1888 Joseph Anglade, spécialiste de l’occitan, des troubadours et de l’ancien français, reconnaissait que le département de la Creuse n’appartenait pas entièrement à la langue d’oc. Joseph Anglade, Histoire sommaire de la Littérature méridionale au moyen-âge (des origines à la fin du XVe siècle), 1921, p. 11 Gilles Rossignol, qui fut universitaire et maire de Chambon-Sainte-Croix, écrit dans son ouvrage Le guide de la Creuse (1988) que ce département « (…) se situe exactement sur la limite entre les pays d’oïl et d’oc. Marche historique, la Creuse est aussi une marche linguistique ». « Situé à la limite des langues d’oc et d’oïl, notre région creusoise a subi l’influence de l’une et de l’autre. La langue d’oc a été cependant la plus employée ; aujourd’hui encore, on peut considérer le patois de la moitié sud de la Creuse comme un patois limousin, patois de langue d’oc. ». Cette citation de René Chatreix, ancien membre de la Société des Sciences de la Creuse (il est décédé en 1994), fait référence à la partition linguistique du département et à ses influences venues du Nord et du Sud. René Chatreix, Histoire de la Creuse, 1976, p. 34 René Chatreix, Monographie de la commune de Saint-Maurice-la-Souterraine in Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, 1947-1949, p. 425 Noëlle Bertrand, Histoire démographique de Colondannes, village creusois (1623-1802) in Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, 1974, p. 427 L’analyse de Dun-le-Palestel montre que 75% des personnes rencontrées ne comprennent pas le texte qui leur est lu en occitan limousin ou juste quelques mots et que 25% d’entre elles ne comprennent qu’un peu ce texte.
L’ensemble des locuteurs constate des différences entre le limousin standard et leur parler : les différences qui font l’unanimité sont le traitement des diphtongues et les terminaisons. Pour les ¾ d’entre eux, c’est l’accent qui est manifestement différent et pour la moitié d’entre eux c’est la prononciation de CH. Pour Saint-Priest-la-Feuille, les réponses sont sensiblement identiques : 2 personnes sur 3 ne comprennent pas le texte entendu ou juste quelques mots.1 sur 3 ne comprend qu’un peu ce texte. Là aussi, la totalité des locuteurs constate des différences entre le limousin et leur parler marchois : la différence qui fait l’unanimité concerne le vocabulaire. Les deux tiers des personnes notent que les terminaisons et l’accent diffèrent et pour un tiers c’est la prononciation de CH. A Naillat, la moitié des personnes interrogées ne comprend pas le texte hormis quelques mots, l’autre moitié y arrive mais en faisant un effort de concentration. A Lafat comme à Maison-Feyne, personne ne comprend le texte sauf quelques mots pour certains. Les locuteurs de ces localités remarquent unanimement comme différences principales le vocabulaire et l’accent et une personne sur deux note le traitement particulier de CH. A Saint-Léger-Bridereix, les 2/3 des informateurs ont dit qu'ils ne comprenaient rien au texte proposé à l’écoute. Même constat à Nouzerolles et Colondannes où l’autre tiers expliquait ne comprendre que certains mots.
1 = Dun -le-Palestel, 2 = Saint-Priest-la-Feuille, 3 = Naillat, 4 = Saint-Léger-Bridereix, 5 = Nouzerolles, 6 = Colondannes, 7 = Maison-Feyne, 8 = Lafat
On le voit, pour une immense majorité des locuteurs des points d’enquête étudiés il n’y a pas d’intercompréhension possible avec le limousin, dialecte d’oc :
Il est très intéressant de noter que Stephan Mietzke a aussi enquêté dans des communes situées en zone limousine et limitrophes du domaine marchois. Si on prend le cas du Grand Bourg[9], l’ensemble des locuteurs arrive à comprendre plus ou moins bien le texte en limousin dit standard même si les informateurs font état de différences de prononciation ou de lexique. Il en va exactement de même pour Jansannes[10] commune elle aussi située en zone d’oc voisine de la zone marchoiss. Pour ces deux communes linguistiquement limousine, l’intercompréhension est donc valide contrairement aux communes du Croissant.
Allier
Puy-de-Dôme
Indre
[1] Christophe Matho, Patois et chansons de nos grands-pères marchois, 2010, p. 7 [2] Jean-Pierre Rousselot, Les modifications phonétiques du langage dans le patois d’une famille de Cellefrouin en Charente, 1891 [3] Eric Nowak, Histoire et géographie des parlers poitevins et saintongeais , 2010, p. 90 [4] Gaston Guillaumie, Essai de contribution à l’étude du glossaire périgourdin, 1927, p. 14 [5] Marcel Villoutreix, Noms de lieux du Limousin , 1995 [6] Guy Chambon, Economiein Haute Vienne, Bonneton, 1997 [7] Michel Cassan,Des temps moderne à l’époque contemporaine in Haute Vienne , Bonneton, 1997 [8] Stephan Mietzke, Isoglossenverschiebungen im Croissant, von der monodimensionalen Sprachgeographie zur pluraldimensionalen Mikrodialektologie, 2000 [9] Ibidem, p. 212 [10] Ibidem, p. 251 [11] Ernest Nègre, Toponymie générale de la France : étymologie de 35000 noms de lieux, 1990-1998 [12] Wolfgang Dahmen, Étude de la situation dialectale dans le centre de la France : un exposé basé sur l’Atlas linguistique et ethnographique du Centre, CNRS, 1985 [13] Ibidem, p. 186 [14] Ibidem, p. 181 [15] Ibidem, p. 180 [16] Ibidem, p. 146 [17] Stephan Mietzke, Isoglossenverschiebungen im Croissant, von der monodimensionalen Sprachgeographie zur pluraldimensionalen Mikrodialektologie, 2000
On peut poursuivre l'analyse avec le travail de deux universitaires :
Nous sommes bien loin d'une appartenance à une "occitanie du nord"... [1] Hans Goebl, linguistische Interpretation der beiden Bildprofile, http://www.dialectometry.com/korrelation/Interp.php [2] Hans Goebl, Regards dialectométriques sur les données de l'Atlas linguistique de la France (ALF), 2003 [3] Jean Varlet, Structures et dynamiques de l’espace limousin, Mappemonde, 1996 [4] Jean Varlet, Structures et dynamiques de l’espace limousin, Mappemonde, 1996
Des militants occitans annexent la Marche en tant que territoire historique et le domaine marchois en tant que territoire linguistique. Pour peu qu’on s’éloigne de ces petits cercles d’initiés et qu’on se réfère aux travaux de scientifiques, d’universitaires, de spécialistes, la vision des choses est bien différente. Il devient même très intéressant de mettre en parallèle trois aspects que sont la langue, l’histoire et la géographie en se focalisant sur la Marche et sur le Limousin et de constater que des points de vue peuvent se rejoindre : la réalité marchoise diverge de celle du Limousin (la Haute Vienne limousine a connu un rayonnement avec Limoges, la Corrèze a donné deux Présidents de la République tandis que la Marche est restée le parent pauvre d’une Région administrative au sein de laquelle son identité a été quasiment gommée).
Sur le plan linguistique, Christophe Matho a fort bien résumé la situation : c’est, écrit-il, « (…) comme si le marchois avait été écrasé entre ses deux grands voisins que sont l’occitan et le français. Une langue oubliée qui régnait sur un territoire au faible potentiel économique et au faible poids politique, une région sans grande ville, donc sans intellectuels, sans grands écrivains (…) Le marchois a été ainsi peu retranscrit, négligé. Il a laissé peu de place dans la littérature [18] ».
[18] Christophe Matho, Patois et chansons de nos grands-pères marchois, 2010, p. 7
Si le Marchois présente des traits communs avec des parlers de langues d'oïl et d’oc, il n'en est pas pour autant un mélange mais constitue une langue distincte avec un lexique qui lui est propre. Le français peut ressembler à l'italien et à l'espagnol et ce n'est pas pour autant un mélange des deux. L'aire linguistique du marchois ne correspond pas exactement à l'ancien comté ou à l'ancienne province de la Marche : il est parlé aux confins nord-est de la Charente qui fut en partie dans le comté (vers Saint Claud il s'agit de l'Angoumois) tout comme le sud de la Vienne et de l'Indre, le nord de la Haute Vienne et de la Creuse (Basse et Haute Marche et Combraille marchoise). A l'est de la zone linguistique marchoise (Cher et Allier), il s'agit du Bourbonnais.
Des phrases en marchois :
Grand-païre, Grand-père, Las vacansas se chabant, n’allans rentrar. É me ses bian amusa ! Les vacances se terminent, nous allons rentrer. Je me suis bien amusé ! N’espérans que ta santade est boune. Nous espérons que ta santé est bonne. Ca me fatigue d’écrire co-ci, é vous bise fort. Ça me fatigue d’écrire ainsi, je vous embrasse fort.
Moun grand-païre, Mon grand-père, É commence a parlar le patois /patoué/. Ca n’est pas si facile que co. Je commence à parler le patois. Ce n’est pas si facile que ça. É te demande de tas nouvellas, neus pensans qu’ellas sount bounas. N’allans bian. Je te demande de tes nouvelles, nous espérons qu’elles sont bonnes. Nous allons bien. Bise grand-maïre par me. Neus vous embrassans. Embrasse grand-mère pour moi. Nous vous embrassons. PS : ca vaït plaure… PS : il va pleuvoir
« ca fait chaud » /ka fé tsao/ > il fait chaud « ca fait fraid » /ka fé fraye/ > il fait froid « ca plaut » /ka plao/ > il pleut « ou est brave » /ou é brav’/ > il est beau « ou vend » /ou van/ > il vend « ca vait bian » /ka vé byan/ > ça va bien Ces petits textes datent des années 1970 (Pierre Lauby, Saint-Sylvain-Montaigut en Creuse, au sud du domaine linguistique marchois qui est au contact du domaine d'oc).
A Dompierre-les-Églises en Basse Marche (87), on peut entendre « si ce pleut, y vaus plantar dos pouras ». Prononciation : /si ke pleu i vo planta do poura/ [si k? plø i vo pla~ta do pura] Traduction : Si ça pleut (s'il pleut), je vais planter des poireaux D’après les relevés de Maximilien Guérin, Enquête sur le parler marchois de Dompierre-les-Églises (Haute-Vienne), Colloque Le Croissant linguistique et le Parler marchois - La Celle Dunoise, 2016
Toujours dans le domaine linguistique marchois, le poireau est appelé : - Un poura prononcé /poura/ à Agris et Alloue (Charente), /poura/ à Asnières et /pora/ à Pressac (Vienne). - Une pourée /pouré/ à Coulonges (Vienne), un pouré /poré/ à Lourdoueix-Saint-Michel (Indre), un poure /pour’/ à Ebreuil, La Petite Marche (Allier). - Une pourade émis /pourad’/ à Saint-Claud (Charente), /porad’/ à Pressac (Vienne), et /pourad’/ ou /porad’/ à Darnac (Haute Vienne). - Un poireau prononcé /pouèro/ ou /pouaryo/ à Lourdoueix-Saint-Michel, /pouryo/ à Vijon (Indre).
Carte IGN (ajout en rouge de la Marche par nos soins)
Cette carte, réalisée par l'IGN (Institut géographique national) permet de situer la zone linguistique marchoise qui correspond, dans sa moitié gauche, à l'ancien territoire de la Marche où l'on parle le marchois. Il s'agit des parties : - sud-est du Bas Poitou (Vienne et Charente dont certaines parties du territoire furent marchoises), - sud du Bas Berry (Indre et Cher. Là encore, une partie de l'Indre fut marchoise), - nord de la Haute Vienne (Basse Marche), - la moitié nord de la Creuse (Haute Marche).
Le marchois face à l'occitanisme
Les langues romanes sont nées, se sont développées parallèlement les unes aux autres et ont pu et s’enrichir mutuellement aux zones de contact. On sait que l'immense majorité des langues du monde n'ont pas été écrites (les langues gauloises par exemple), elles étaient d’abord un mode d'expression oral. Au Moyen Âge, l'occitan a été une langue au service d'une communauté humaine et d'une culture importante, la langue lyrique des troubadours, utilisée aussi sur un plan juridique ou administratif. Elle est riche d'une culture et d'une littérature à la fois ancienne et moderne. Il en va de même pour le français bien sûr. Pour autant, il n’existe aujourd’hui aucun hégémonisme linguistique de la part de défenseurs de la langue d’oïl qui est reconnue comme n’étant pas unifiée mais composée de multiples facettes (le français, le wallon, par exemple). Ce n'est pas tout à fait la même chose avec l’occitan qui est marqué par un réel hégémonisme défendu, comme l'écrivait l'écrivain occitan René Merle, par des « missionnaires laïques » René Merle, L’Identité occitane, brouillage de l’opposition de classe - Actes du Colloque international A.I.E.O et C.I.D.O, 1986
Le marchois se parle dans une zone défavorisée au plan démographique et économique. Il n’a pas bénéficié d'une littérature suffisamment importante pour le promouvoir. Pour autant, il a existé et il existe encore en gardant son identité propre : sa différence avec les langues d’oc et d’oïl sera soulignée par le linguiste Nicolas Quint qui explique que « de l'avis général, le parler de Saint-Priest ne permet pas l'intercompréhension avec le limousin, et il est aussi distinct des parlers du Berry, plus au nord ». Nicolas QUINT, Le parler Marchois de Saint-Priest-La-Feuille (Creuse), p. 2
Défendre le marchois, le faire connaître et reconnaître, n'est en rien une démarche régionaliste, il s'agit plutôt de lui redonner, ainsi qu'à ses locuteurs, dignité et reconnaissance. Après avoir été éclipsé par le français à partir du XIXe siècle, voilà cette langue menacée d'assimilation par les tenants de l'occitanisme. Longtemps les Marchois ont minoré leur langue, ne lui accordant qu'une reconnaissance limitée, la considérant comme un faux patois au regard du français. Aujourd'hui, l'occitanisme tend à vouloir se nicher dans le nid marchois et à vouloir assimiler toute notre singularité... Pourtant, de nombreux historiens, géographes, linguistes, reconnaissent la particularité marchoise, qu'elle soit historique, géographique ou linguistique.
Le marchois présente donc certaines ressemblances avec des langues d'oïl (le français, le bourbonnais, le poitevin, le berrichon) et des dialectes d'oc (le limousin, l'auvergnat) : ces ressemblances tiennent à la fois à leur parenté (toutes ces langues sont romanes) et à leur proximité géographique. Dans le Nord de la Creuse proche du Poitou, du Berry et du Bourbonnais, le marchois sera plus imprégné d’oïl tandis que dans le sud creusois, le haut-marchois est lui clairement d'oc. Pour autant, un Brésilien parle le portugais et ce n'est pas pour autant un Portugais. Un Autrichien, un Suisse, parlent une langue très proche de l'allemand mais ils ne sont pas allemands.
Le marchois, un dialecte occitan ? Depuis quand ?
La théorie Le militant nationaliste occitan François Fontan écrivait en 1969, au sujet du Croissant que « les dialectes de cette zone sont de l'occitan francisé, à des degrés divers selon les communes, et le résultat est un véritables chaos linguistique. Cette demi francisation étant récente, nous considérons (avec Tourlouron) cette zone comme occitane ». François Fontan, La nation occitane, ses frontières, ses régions, 1969
F. Fontan parle d’occitan francisé, de demi francisation qu’il considère comme étant récente mais sans donner plus de précision quand à une éventuelle datation. Ce point de vue militant peut être confronté à d’autres analyses qui ne disent pas exactement la même chose :
D’autres avis : 1. René Louis fut professeur de littérature médiévale à l'Université de Paris X-Nanterre. Il estimait lui que « le dialecte mixte dit « marchois » devait bien exister aussi au XIIIe siècle et s’étendre au-delà de Guéret jusqu’aux confins de l’Auvergne et du Bourbonnais (…) ». Il se tournait aussi vers l’ouest de la Marche et écrivait qu’ « il se peut que durant une période antérieure au XIIIe siècle, le Sud-Est du Poitou ait parlé un langage à la fois composite et instable, analogue au « marchois » actuel ». René Louis, Girart, comte de Vienne dans les chansons de geste, 1947, p. 268
2. L’abbé J-P Rousselot estimait que c’est autour de l’an 1000 que la région de Cellefroin en Charente marchoise « entre dans la sphère d’influence du Nord » grâce à la vallée du Son qui « fait communiquer comme deux mondes et deux civilisations ». L’évolution phonétique se caractérise alors par la présence de traits limousins dans le marchois qui connaît aussi une forte influence française. En conclusion, Rousselot estime que c’est bien au XIe siècle « après la transformation de l’A tonique libre en E et la chute des instantanées médiales (…) que la partie inférieure de la vallée du Son [en aval] entre dans la sphère d’influence du Nord tandis que la partie supérieure [en amont] reste fidèle à la tradition méridionale ». Jean-Pierre Rousselot, ouvrage cité
3. Ce même abbé Rousselot faisait remarquer que le E muet, propre au marchois et aux langues d’oïl « était déjà tombé entre L et F au milieu du XVIe siècle » puisque Cellefrouin s’écrivait Selfroin dans un acte de 1547 et que « c’était évidemment la forme populaire du nom de Cellefrouin ». Rousselot estime que cette partie marchoise de la vallée du Son est entrée dans la sphère d’influence du Nord au XIe siècle avec comme marqueur la transformation de l’A latin en E tandis que la zone où l’on parle limousin qui ne connaissait pas cette transformation, demeurait sous l’influence linguistique du Midi.
4. En Creuse, la présence du E muet en fin de mot est attestée dès le XIIIe siècle : c’est le cas à Méasnes avec Champaville orthographié ainsi en 1223 (puis en 1427 et en 1453 dans le cartulaire d’Aubepierre), l’Age-Bardou à Viersat orthographié Lage-Bardo dès 1221. On peut aussi citer La Charpagne à Fresselines que l’on retrouve sous la forme domus pauperum de la Charpaigne en 1247 (charte d’Aubignac). Conséquence directe du E muet en fin de mot, on retrouve en marchois la terminaison en ES au féminin pluriel issue du français qui cohabite en marchois avec la terminaison en AS. Si on prend comme repère le mot forge dans tout ce qu’il peut avoir comme lien quotidien avec l’usage social de la langue, on peut constater que le village Les Forges à Chéniers s’écrivait Las forges en 1211 soit exactement ce qui se dit aujourd’hui. Ce même toponyme est aussi présent sous la forme Villa de Forges en 1269 dans la charte d’Aubepierre. Source : Abbé Lecler, Dictionnaire topographique, archéologique et historique de la Creuse, 1902
Des mots féminins qui se terminent par un E muet sont attestés au XIIIe siècle et la chute des consonnes finales ainsi que l’utilisation du CH d’oïl sont avérées au XIIe siècle. Tout cela n’est pas anodin d’un point de vue linguistique et historique. L’idée que le vocabulaire et la phonétique marchois auraient été autrefois purement occitan et que le français se serait récemment superposé ne résiste pas à l’étude des faits.
La théorie : Le livre Langue et mémoire du pays de Guéret est le résultat d’une enquête confiée par le Conseil général de la Creuse à l’Institut d’études occitanes du Limousin qui, par définition, assure la promotion du fait occitan. Evoquant le comté de la Marche, on peut lire qu’ « aux marges de l’Aquitaine, du Berry et de l’Auvergne, cette province, écartelée entre Haute et Basse Marche, conserva un facteur d’unité : la langue occitane. Elle prit ici une teinte toute particulière pour donner naissance au marchois appelé aussi dialecte du croissant (…) ». Pour les auteurs de cet ouvrage, le marchois serait « l’héritage probable d’un dialecte occitan médiéval qui aurait concerné l’ancienne province de la Marche et dont l’aire se serait étendue plus largement vers l’Angoumois et le Poitou ». Jean-François Vignaud, Michel Manville, Langue et mémoire du pays de Guéret, 2007, p. 11 et p.106
Cette théorie qui ferait du marchois un dialecte occitan propre à la Marche est bien difficile à concevoir. Sur quelle base s’appuie-t-elle ? Ce n’est pas précisé.
D’autres avis : 5. Dès le Bas Moyen Age (1300-1450), c'est uniquement la langue française tend à remplacer le latin dans les actes administratifs de la Marche : par exemple, Antoine Thomas cite le cartulaire des Ternes qui a conservé un acte de 1336 du sénéchal Philippe de Champrapin ou bien encore un jugement des assises de Felletin daté de 1355 qui sont rédigés en français. A. Thomas explique que « le plumitif des audiences de la sénéchaussée de la Marche est en français : il devait être rédigé habituellement en cette langue depuis longtemps. ».
6. Autre éclairage que celui fourni par David Glomot, agrégé et chargé de cours à l'Université de Limoges, qui a étudié les terriers de la Haute Marche au XVe siècle. Il montre que ces registres administratifs sont « (…) écrits en excellent français et non en langue occitane (…) ». David Glomot, La Combraille à la fin du Moyen Age in Le Limousin, pays et identités, 2006
7. On pourrait encore citer l’instituteur creusois Pierre Valadeau qui publie des passages d’un terrier de la Souterraine de 1388, lui aussi écrit en français. Pierre Valadeau, Le canton de la Souterraine, 1901
L’utilisation de la « langue du roi » au niveau administratif n’est donc pas une exception dans la Marche au Moyen Age, loin s’en faut et Antoine Thomas faisait même remarquer qu’il n’y avait pas d’actes rédigés en langue d’oc pendant cette période. L’idée même que la Marche aurait conservé « un facteur d’unité : la langue occitane » peut être confrontée à une réalité historique, celle de la Coutume de Charroux de 1247, première capitale de la Marche et célèbre lieu saint à son époque.
8. En 1843, l’historien Armand-Désiré La Fontenelle de Vaudoré explique que la première Coutume de Charroux, celle de 1176, était écrite en latin. Pour la seconde qui date de 1247, il signale « que cette seconde coutume est en langue vulgaire, c’est-à-dire dans l’idiome qui était alors parlé dans le pays, et qui est un mélange de la langue d’oc et de la langue d’oïl ». Armand-Désiré La Fontenelle de Vaudoré, Les coutumes de Charroux, 1843, p. 12
9. Anatole Boucherie, Charentais et co-fondateur de la Société des langues romanes, décrit Charroux comme étant « localité très importante, située sur la frontière du Poitou et du Limousin » et qui présente de « curieuses Coutumes qui datent de 1247 ». Il explique que, tant pour Angoulême que pour Charroux, « leur langue écrite, leur dialecte s'est ressenti du voisinage immédiat de la langue d'oc; mais l’empreinte n'est que superficielle et incomplète. Malgré les emprunts forcés ou volontaires faits à la langue voisine, il est resté fidèle au type poitevin dans ses principes essentiels ». Anatole Boucherie, Le dialecte poitevin au XIIIe siècle, 1873, pp. XI-XVII
10. Jacques Pignon est né dans la Vienne. Agrégé de grammaire, il devint d’abord professeur de philologie française à Poitiers puis occupa la chaire de phonétique générale expérimentale à la Sorbonne avant de décéder en 1965. Un siècle après les deux auteurs précédents, cet universitaire s’est à son tour intéressé à la Coutume de Charroux : il constate lui aussi que l’ancienne capitale de la Marche présente « la plupart des traits communs à la partie occidentale du domaine d’oïl ». Jacques Pignon, La langue de la Seconde Coutume de Charroux, 1960
Il ne s’agit pas de faire de la Coutume de Charroux l’archétype du marchois médiéval mais on peut toutefois envisager ce qu’il aurait pu être au XIIIe siècle. Et ce n’est pas à l’évidence de l’occitan. Pour le Limougeaud Emile Ruben, « la Loire, pas plus au moyen âge que de nos jours, n’a été une frontière philologique ; ceci est prouvé par l’inspection des documents et notamment par la Charte de Charroux, lieu peu distant du Limousin actuel, charte qui est du XIIIe siècle ». Emile Ruben, Etude sur le patois du Haut-Limousin, in Poésies en patois limousin, 1866, p. LII
La fable d’Ésope intitulée « La bise et le soleil » a été traduite en languedocien (montpelliérain et rouergat), en auvergnat, en provençal, en gascon et en marchois. Ces différentes versions ont été retranscrites selon les normes de la graphie occitane dite classique (cf. la grammaire d’Alibert et les travaux du Conselh de la Lenga Occitana). Les traducteurs ont observé qu’en remontant vers le Nord « (…) le marchois s’éloigne considérablement de ces standards ». Rafèu Sichel-Bazin, Nicolas Quint, Norme et variation à l’âge des corpus informatisés pour les langues régionales de France, 2015
Certains spécialistes classent même le marchois parmi les langues d'oïl... Quelques exemples :
- En 1995, le Centre du domaine d’oïl avait été étudié par Marie-Rose Simoni-Aurembou, originaire de l’Allier, qui fut linguiste et directeur de recherche au CNRS. Le Sud-Ouest l’avait été par Brigitte Horiot, elle aussi linguiste. On constate avec la carte ci-dessus que le Croissant marchois délimite un espace linguistique clairement distinct de l’occitan et intégré à celui d’oïl…
Carte tirée de l’ouvrage Français de France et Français du Canada : les parlers de l’Ouest de la France,du Québec et de l’Acadie (1995)
- Ce type de carte n’est pas exceptionnel. Ernest Negre fut professeur de philologie et de littérature occitane à la Faculté de lettres de l'Institut catholique de Toulouse, directeur du collège d'Occitanie, association fondée en 1927 qui assure toujours des cours de langue occitane. Ce toponymiste et spécialiste d'occitan en propose une quasi identique à la même époque (ajout de l'espace marchois en rouge par nos soins) :
carte tirée de Ernest Negre, Toponymie générale de la France, 1990
- En 1976, Gaston Tuaillon, ancien du CNRS, professeur d’histoire du français et de dialectologie gallo-romane à l’Université Stendhal-Grenoble III, fondateur de la revue Géolinguistique, effectue le même "découpage" :
Carte tirée de : Gaston Tuaillon, Comportement de recherche en dialectologie française, 1976
- Henriette Walter fut professeur de linguistique à l’université et directrice du laboratoire de phonologie à l'École pratique des hautes études (Sorbonne). Pour elle, la frontière entre les régions de langues d'oc et celles de langues d'oïl passe à l'est entre Valence (zone d'oc) et Saint Etienne (zone de francoprovençal) et à l'ouest entre Bellac (zone d'oc) et Le Dorat (zone d'oïl). On le voit, cette spécialiste classe Le Dorat où est parlé le marchois en zone d’oïl. Elle fait de même à l’est du Croissant pour la ville de Vichy :
Sur une autre carte, Henriette Walter opère logiquement la distinction linguistique entre le Dorat et Bellac en Haute Vienne, en Creuse entre La Souterraine, Guéret et Chatelus-Malvaleix d’un côté, Bénévent, Pontarion et Jarnages de l’autre, ce qui correspond tout à fait à la limite marchois/langue d’oc. Par contre, dans l’Allier, elle sépare Escurolles de Gannat alors que ces deux communes sont situées toutes deux dans le Croissant tout comme Cusset :
Cartes tirées de : Henriette Walter, Le Français d'ici, de là, de là-bas, 1998
- En 2009, l’étude FORA (Francoprovençal et occitan en Rhône-Alpes) commandée par la Région Rhône-Alpes, a été pilotée par l’Institut Pierre Gardette en coopération avec l’Institut national de recherche pédagogique (INRP), les laboratoires de recherche Interactions, corpus, apprentissages, représentations (ICAR) et Dynamique du langage (DDL), du Centre de dialectologie de Grenoble et de nombreuses associations. On trouve cette carte p. 14 : le domaine marchois (cf. le nord de la Creuse et de la Haute Vienne,) n'est pas indiqué sur cette carte et se retrouve inclus dans le domaine d'oïl.
La référence à la langue d'oïl est fréquente, même si elle est erronée puisque le marchois n'est pas plus d'oïl que d'oc. Autre exemple :
· Le linguistique Sever Pop (université de Bucarest) fut un spécialiste de la dialectologie, de géographie linguistique, et il créa en 1951 le Centre international de dialectologie générale. Un an plus tôt, cet universitaire roumain qui écrivait aussi en français publie un ouvrage de référence intitulé La dialectologie. Il y aborde le travail des "provençalistes" de Tourtoulon et de Bringuier et indique que la ligne qui sépare le français (langue d’oïl) du provençal (langue d’oc) passe en Charente au sud de la Rochette et qu’elle se dirige ensuite vers l’est (La Rochette est en zone linguistique marchoise). « A partir de la localité d’Agris [commune charentaise située dans la zone linguistique marchoise] (…), la ligne présente la forme d’un croissant dans lequel on rencontre des parlers intermédiaires. Laissant à la langue d’oïl la localité de Saint-Claud [autre commune charentaise située dans la zone linguistique marchoise], elle traverse la Vienne entre Confolens et Availles-Limouzine, se dirige presque en ligne droite vers l’est, passant entre Bellac et Le Dorat [commune de Basse Marche en zone linguistique marchoise] et, laissant au Sud les localités de Chateauponsac, Bessines, Bénévent et Grand-Bourg, elle arrive à Saint Vaury (au nord de Guéret, qui appartient à la langue d’oïl) [communes de Haute Marche elles aussi en zone linguistique marchoise] (…) ». Sever Pop, La dialectologie, aperçu historique et méthodes d’enquête linguistiques (première partie), 1950, p. 299
Le marchois présente donc certaines ressemblances avec des langues d'oil (le français, le bourbonnais, le poitevin, le berrichon) et des dialectes d'oc (le limousin, l'auvergnat) : ces ressemblances tiennent à la fois à leur parenté (toutes ces langues sont romanes) et à leur proximité géographique. Dans le Nord de la Creuse proche du Poitou, du Berry et du Bourbonnais, le marchois sera plus imprégné d’oil tandis que dans le sud creusois, le haut-marchois est lui clairement d'oc. Pour autant, un Brésilien parle le portugais et ce n'est pas pour autant un Portugais. Un Autrichien, un Suisse, parlent une langue très proche de l'allemand mais ils ne sont pas allemands.
Le mythe occitan face à la réalité marchoise
« Le Limousin est une région de l’Occitanie à part entière, et ses habitants sont les victimes d’un colonialisme intérieur qui les porte au dénigrement de ce qu’ils sont, à la négation de leur identité occitane, les incite à la passivité face à la domination culturelle du français » écrit l’artiste et éditeur occitan limousin Jan Dau Melhau. Jan Dau Melhau, La Lettre du Limousin n°73 - 5 - Juillet / Août 2007
· On peut donc affirmer que si la Marche est devenue depuis les années 1950 une composante (non officiellement reconnue) de la région Limousin, ses habitants sont les victimes d’un colonialisme extérieur (occitan) qui les porte au dénigrement de ce qu’ils sont, à la négation de leur "identité" marchoise, les incite à la passivité face à la domination culturelle de l'occitan. Pas un militant occitan ne pourrait donc décemment reprocher aux Marchois de défendre leur histoire, leur langue.
« Présenter l’occitan en faisant croire que ce serait du français (...), c’est donc dans le meilleur des cas de l’ignorance et, dans le pire des cas, une manipulation qui a pour but de nier l’identité occitane et de justifier la politique française de génocide culturel ». Iniciativa occitania, L’occitan n’est pas un dialecte du français !, 2009, http://www.iniciativaoc.org
· On peut donc en déduire que présenter le marchois en faisant croire que ce serait de l'occitan, c’est donc dans le meilleur des cas de l’ignorance et, dans le pire des cas, une manipulation qui a pour but de nier la réalité marchoise et de justifier la politique occitane d' "assimilation".
Les études linguistiques sont devenues, hélas, un sport de combat. Les noms d’oiseaux volent dès lors qu’on n’est pas d’accord, les invectives fusent, les insultes aussi. La langue est une arme au service des questions nationales et on voit que l’occitan n’échappe pas à cette règle. Dans sa Géographie linguistique, Albert Dauzat écrivait qu’ « en linguistique comme dans les luttes sociales, la victoire est aux bataillons nombreux ». L’Histoire, y compris celle des luttes ouvrières, a aussi démontré que David pouvait gagner contre Goliath…
Pour lire les documents ci-dessous, cliquez sur chaque image :
Qu'on se le dise, la Marche, le Bourbonnais, sont des terres ni plus belles, ni plus grandes, ni plus merveilleuses que d’autres... Le marchois une langue ni plus belle, ni plus grande, ni plus merveilleuse que d’autres... Pour autant, ils sont bien vivants en plein XXIème siècle, riches de leur passé. Qu’on soit né ici, qu’on y ait ses racines ou qu’on y vive depuis peu, cette terre est et reste accueillante. La Creuse, le nord de la Haute Vienne, le sud de la Vienne, de l'Indre, tec., sont marchoises. L'Allier est bourbonnais. Tout simplement. La Creuse, l'Allier, le Cher, l'Indre, etc., ne sont pas des territoires occitans du fait de leur proximité avec l'occitan limousin ou auvergnat. L'occitanie n'a jamais existé en tant que telle, la Marche, l'Angoumois, la Combraille, le Bourbonnais, tout au contraire, ont été et demeurent une réalité. A lire la production occitaniste plus ou mois récente, on s’aperçoit assez rapidement que certains thèmes historiques reviennent très fréquemment :
- Les troubadours et l’expression artistique occitane.
- La croisade contre les albigeois et le massacre des cathares.
- le droit écrit des pays du sud face à la Coutume du nord.
Ces trois grands thèmes sont peu ou prou contemporains et ont façonné l’ « identité occitane ». Etre occitan, c’est partager ce passé commun ce qui n'est pas le cas des Marchois, des Bourbonnais, etc.
Plus d'infos concernant l'aspect sociolinguistique ? - les clochers-murs et l'architecture occitane. - les moulins à eau à roue verticale (oïl) ou horizontale (oc) - Pour lire l'étude des noms de famille "typiquement limousins" et la singularité de la Marche, cliquez ICI
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