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                                                                        les.etudes.marchoises@gmail.com

 

                                                                                    

 

                                   

 

                                                          EN VENTE  : cliquez sur l'image ci-dessus ^

 

 

 

 

                                     

    

Jean-Michel Monnet-Quelet, Glossaire marchois des animaux ailés, 190 pages

Editions des régionalismes, http://editions-des-regionalismes.com/

 

Résumé

Pour réaliser ce livre consacré aux animaux ailés (oiseaux, insectes, gallinacés et autres volailles de basse cour), de nombreuses sources ont été consultées. Parmi elles, l’Atlas linguistique de la France (ALF), les atlas linguistiques régionaux et des ouvrages consacrés à la langue marchoise parlée dans huit départements (Charente, Vienne, Indre, Cher, Haute Vienne, Creuse, Allier et Puy-de-Dôme) et trois régions administratives (Nouvelle-Aquitaine, Centre-Val de Loire, Auvergne-Rhône Alpes). Le « patois » marchois est en lien direct avec le quotidien et l’usage social de la langue ne fait aucun doute. Façonné depuis des siècles, il sait, entre autre, nommer les animaux. L’étude du vocabulaire est donc un élément important pour définir cet idiome. Soucieux de ne pas se limi­ter à proposer une simple succession de mots, l’auteur a cherché à élargir son propos avec une recherche étymologique. Le lecteur peut aussi trouver dans cet ouvrage consacré à la faune, des anecdotes, des comptines, des expressions en marchois, des cartes, etc. Jean-Michel Monnet-Quelet est enseignant. Attaché à ses racines creusoises, il mène depuis plu­sieurs années des recherches dans le domaine linguistique du marchois (aussi appelé Croissant), cette langue parlée au centre de la France. Il a déjà publié Le marchois, enquête sur un « patois » parlé en Creuse (2011), La Creuse en Marche (2012), Le croissant marchois, entre oc et oïl (2013) et rédige régulièrement des articles dans diverses revues et sites creusois.

 

Déjà publiés : Le marchois, enquête sur un « patois » parlé en Creuse (2011), La Creuse en Marche (2012), Le Croissant marchois, entre oc et oïl (2013)

Le précédent ouvrage de Jean-Michel Monnet-Quelet consacré au Croissant marchois est disponible ICI   aux Editions des régionalismes, collection LINGUISTIQUE (Langues de France).

 

                                    

    Le Croissant marchois  Le marchois un patois parlé en Creuse 

                                                 

Ouvrages publiés par J-M Monnet-Quelet :

Le marchois, enquête sur un "patois" parlé en Creuse, Etudes marchoises, 2011

La Creuse en Marche ou le mythe occitan à l’épreuve des faits historiques et socio-culturels

Etudes marchoises, 2012 : cliquez ICI pour la présentation du livre

Le Croissant marchois, entre oc et oïl, Editions des régionalismes, 2013 : cliquez ICI pour la présentation du livre

 

 

Au lecteur, à la lectrice, de se faire une idée sur la nature de la langue marchoise.

Loin d’être exhaustif, ce travail pourra être enrichi par celles et ceux qui le souhaitent.

Toute information est à envoyer par mail à : les.etudes.marchoises@gmail.com.

Merci !

                                                                                                                                                                                   

Ce site est en pleine rénovation.

Il est consacré aux recherches linguistiques dans le domaine marchois parfois appelé Croissant (Charente, Vienne, Creuse, Haute-Vienne, Cher, Indre, Allier, Puy-de-Dôme) et aux études historiques, géograhiques et culturelles en Basse et Haute Marche.

 

Ici,

pas de revendication régionaliste ou nationaliste, pas d’impérialisme marchois accompagné  d’annexions « territoriales » et d'assimilation culturelle,

pas de « Front de Libération Nationale de la Marche », pas de "Marchie" comme futur territoire basé sur la langue,

pas de sous-entendus racistes ou xénophobes, pas de nostalgie passéiste des provinces royales.

Le drapeau n'est qu'une commodité, pas un emblème au nom duquel il faudrait se battre (sur celui de la Marche, le visage de Marianne pourrait d'ailleurs judicieusement remplacer la fleur de lys...).

 

                                                               

 

 

La Marche et le Croissant marchois                                               

                                                                                             

 

    

Citant le travail de Robert Specklin[1], ancien chargé de recherches au CNRS, l’historien britannique Graham Robb écrit qu’« une étude fondée sur des photographies aériennes et sur un examen de la toponymie a localisé ce qui aurait pu être une zone frontalière : une région couvrant l’essentiel de l‘ancienne province de la Marche et correspondant au fameux « Croissant » où les dialectes comportent des éléments d’occitan et de langue d’oïl. Ce limes séparait peut-être autrefois les tribus ligures des envahisseurs celtes et, plus tard, les romains des barbares » [2].



[1] Robert Specklin, Etudes sur les origines de la France (fin) in Acta geographica, 50, 2e trim. 1982

[2] Graham Robb, Une histoire buissonnière de la France, 2011

                                                                                           

                            

                             

                                        Carte tirée de : Graham Robb, Une histoire buissonnière de la France, 2011

                                                                         

 

Les langues régionales présentent un réel intérêt dans le domaine linguistique, même si elles ne sont, le plus souvent, qu'utilisées pour la vie quotidienne et dans un espace restreint. A ce titre, elles méritent d’être sauvegardées, pratiquées même si elles sont hélas globalement employées par les habitants des zones rurales âgés de plus de 50 ans.

Tous ces locuteurs étant francophones, leur utilisation a tendance à décliner.

 

Pour autant, il ne faudrait pas, en se cachant derrière l’Europe qui défend les langues minoritaires, reconstruire la tour de Babel. Le français, grâce à la Révolution de 1789, est devenu une langue commune qui a permis de rapprocher les hommes au lieu de les diviser même si cela s’est fait parfois à marche forcée…

 

 

Du côté du CNRS

 

  • Le Labex-EFL (Laboratoire d’excellence - Fondements Empiriques de la Linguistique) regroupe 12 équipes qui appartiennent à cinq universités (Paris 5-Descartes, Paris 7-Diderot, Paris 13-Nord, Paris 3- Sorbonne nouvelle, Institut national des langues et civilisations orientales - INALCO) et trois institutions de recherche (l’Institut national de recherche en informatique et en automatique - INRIA, l’Institut de recherche pour le développement - IRD, et le CNRS). Sous son égide, une enquête intitulée « Les parlers du Croissant : une aire de contact entre oc et oïl » est programmée de 21016 à 2020 afin de mieux les connaître. « Aujourd'hui encore, l'aire du Croissant constitue un véritable «trou noir» des études dialectologiques en France métropolitaine. En effet, les spécialistes du domaine d’oïl comme ceux du domaine d’oc ont souvent négligé le Croissant, chaque communauté scientifique et linguistique considérant que les parlers du Croissant présentaient trop d'interférences venues de «l'autre côté» pour être considérés comme des dialectes français ou occitans à proprement parler ».  http://llacan.vjf.cnrs.fr/lc4/projet.html
  • Il est intéressant de lire dans la présentation de ce projet que « les parlers du Croissant sont des systèmes linguistiques distincts de ceux des deux grands diasystèmes (oïl et oc) qui les encadrent ». C’est l’idée que ce site défend depuis des années avec comme objectif de démontrer l'unité de ces "parlers".

                                Présentation du PDF de Maximilien Guérin (séminaire de Poitiers en 2017) :

 

      

                                                                

  • Les 24 et 25 mars 2017 s'est tenu un colloque organisé par le Projet LC4 (Labex EFL – CNRS) intitulé "Rencontres sur les Parlers du Croissant - Le Dorat (Haute-Vienne)".  Ces rencontres ont travaillé , entre autre, sur la comparaison de dialectes du Croissant avec d'autres parlers d'oïl et d'oc : cette démarche est nôtre depuis des années  (voir ci-dessous le téléchargement d’un article d’août 2011 comparant le marchois au dialecte morvandiau).

 

                                                                    

                                                                     Documents à télécharger :

 

                                                                        

  • Lire  ICI l'article comparant le marchois au dialecte morvandiau (oïl) publié dans la revue Confluent éditée à Crozant (Creuse) en août 2011.
  •   ICI  l'extrait d’un article étudiant les ressemblances entre le marchois et le "patois" parisien du XVIIe siècle publié dans les Mémoires de la Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse, N° 29,  2011-2012.
  • Colloque de Crozant organisé par l'association Les fruits du terroir : PDF du powerpoint projeté (intervention Jean-Michel Monnet-Quelet).
  • Mars 2012. Toponymie  : le bouleau, la différence entre le betou marchois et lebesso occitan,  à lire sur le site des Amis de la creuse  ICI
  • Pour lire l'étude des noms de famille marchois et limousins cliquez ICI (article publié dans l' Ami creusois N° 13 de mars 2016).
  • Autre article : les aires lexicales du pain au chocolat et de la chocolatine en France, dans la Marche et le Limousin. Cliquez ICI.
  • Juillet 2016 : pour lire une étude sur l'identité de la Marche à travers des cartulaires, chartes, chroniques, etc., couvrant une période allant du Xe au XIVe siècle, cliquez ICI .
  • Septembre 2016 : L'éclair dans le ciel du Croissant marchois, à lire ICI .       
  • Octobre 2016 : s'embrasser en Creuse et dans le Croissant marchois, à lire ICI.  
  • ICI grammaire marchoise : les pronoms personnels dans le Croissant.  
  • L'alouette marchoise et la lauveto d'oc : ICI l'article publié dans l'Ami creusois de décembre 2016.  
  • Février 2017 : deux études sur le houx. La première concerne le nom de cette plante dans l'ensemble du domaine marchois ICI, la seconde s'intéresse aux toponymes Orfeuille et Arfeuille et à leur répartition en Creuse ICI
  • JUIN 2017 : les chiffres et les nombres dans le Croissant marchois : à consulter ICI.    
  • Aout 2017 : les mots de la journée dans le Croissant marchois : ICI.                               

                          

                                                           Glossaires/dictionnaires à consulter :

 

                                                                                 

  • Lire ICI le glossaire de Maurice Roy consacré au marchois parlé à Fresselines (Creuse).
  • Lire ICI le dictionnaire d'Edith Yvernault consacré au marchois parlé à Archignat (Allier).

 

                                                                           Articles de presse à lire :

 

                                                                        

  • Jean-Michel Monnet-Quelet se passionne pour le marchois et lui consacre un nouvel ouvrage, article du 30/10/2013.

  • Article du journal La Montagne de décembre 2105 au sujet du marchois et d'un nouveau colloque organisé par l'association Les fruits du terroir.
  • Les dés sont jetés pour la grande région Aquitaine. Les tenants de l’option Centre ne désarment pas, article du 27/07/2014.

                                                                       Documents audios :

                                                                                               

CREUSE

  • Pour écouter Andrée parler marchois à Saint Léger-le-Guérétois (Saint Legie-le-Guérétois) en Creuse, cliquez ICI (relevés de Jean-Michel Monnet-Quelet)

Français : je m’appelle Andrée > Marchois : y m’appelle Andrée /i m’apèl’ andré/

Français : j’habite à la Loze à Saint Léger-le-Guérétois.

Marchois : y habite à la Loze à Saint Legie-le-Guérétois /i y’abit’ à la loz' a sin l’dji l’guérétoi/

 

Autre extrait : cliquez ICI

 

Français : les vaches sont dans le champ > Marchois : las vachas sont au champ /la vacha sou o chan/

Français : les hommes sont en train de travailler.

Marchois : lous hommes sont en train de travaillar /lou omaï sou en trin de travaya/

Français : je suis bien contente d’être ici

Marchois : é sais bien contente d’être ci /é sé bien countente d’étr’ ki/

Français : je vais réviser toutes mes chansons même le Turlututu

Marchois : é va revisa toutas mas chansous même le Turlututu /é va réviza touta ma chansou mém’ l’ turlututu/

Français : j’aime bien parler patois.
Marchois : y aime bien parlar patois /y’èm’ bien parla patoi/
HAUTE VIENNE MARCHOISE
 
  • Pour écouter l'émission « En aparté » de Claude Peyronnet sur Radio RMJ de mai 2016, avec comme invité Michel Dupeux, consacrée au marchois parlé en Basse Marche (canton de Magnac-Laval, communes de Saint Léger-Magnazeix, Saint Hilaire-la-Treille, etc., au nord de la Haute Vienne), cliquez ICI . Michel Dupeux est l’auteur de l’ouvrage Le patois de la Basse Marche.

4’30

Français : je vais parler patois > Marchois : y va causar patois /i va coza patoué/

5’56

Français : j’aurais mal au ventre > Marchois : y aurais le mau de ventre /i y’oré l’mo d’ventr’/

8’23

Français : mets pas ton doigt ici, je vais te le couper !

Marchois : mets pas ton dait ci, é va te le coupar ! /mé pa ton dé ki é va t’le copa/

etc.

 

  

Petites et grandes histoires de la Basse-Marche

Avec Claude Peyronnet, les petites histoires font les grandes histoires. Tous les week-ends, il nous raconte nos histoires de vie, les racines de la région. Avec lui, découvrirez l’histoire, le patrimoine et la personnalité de la Basse-Marche. A partir de textes d’auteurs locaux, Claude Peyronnet déroule un fil qui nous dévoile la région. La Basse-Marche a plein d’histoires à raconter.

                                                           

Ecoutez les, les samedis à 11h et dimanche à 13h, avec « Petites et grandes Histoires de la Basse-Marche ». Elles sont à retrouver en pod-cast

 

 

ALLIER

source : commune de Louroux-de-Bouble http://louroux-de-bouble.planet-allier.com/

 

Ou est in bagoulant /ou é in bagoulan/

"C'est un homme qui parle à tort et à travers"

 

Y ai pris cou et y o-z-ai bailla / y’é pri cou é i yo zé baya/

"J'ai pris ça (cela) et je le lui ai donné"

 

O-l-a ine ratelle de diable /o-l-a ina ratél’ de djabl’/

"Il a une voix très puissante"

 

La troufigne prou dau cul /la troufign’ prou do tchou/

"Elle se donne des airs"

 

Dis me z-o donc /di m'z’o don/

"Dis-le moi donc"

 

O-l-a bien de la chetiverie /ol’a byin d'la ch'tiv’ri/

"Il a beaucoup de canaillerie"

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                        Documents vidéos :

                                                                                

 

  • Reportage sur une étude linguistique du « patois » marchois à Lussac-les-Eglises en Haute Vienne (Basse Marche). Extrait du journal télévisé régional de France 3 Limousin du 18 février 1999 cliquez sur ce lien https://www.youtube.com/watch?v=9ddmyb7hh4y" target=" ou sur l'image ci-dessous :

                                                            

  • Le journal La Montagne à mis en ligne le 28 avril 2016 un conte en marchois intitulé Le ralet de Boirounet (la grenouille de Boirounet) raconté par Rolande Moreau de Crozant (Creuse). Ce conte, axé sur le penchant pour la boisson, a initialement été publié par Marcel Rémy dans un ouvrage en marchois intitulé Patoiseries de la Soutrane (La Souterraine) en 1944.

Pour voir cette vidéo, cliquez sur le lien ou l'image ci-dessous : http://bcove.me/k70vixdn" target=?

 

                                                            

 

                                                                                    Le ralet de Boirounet

                                                                              (la grenouille de Boirounet) 

 

C’ere un seir après la métive /kér’ un sér’ apré la métiv’/

C’était un soir après la moisson.

 

Le soleil tapove sur lous naz et sechove lous gargouets.

/le soleï tapov’ sur lou na é sechov’ lou gargoué/

Le soleil tapait sur les nez et séchait les gosiers.

 

Boirounet de Villetant avait si sef qu’ou se précipitait sur une source pour y beure à pleine bouche.

/bouérouné d’ vil’tan av’ si sé k’ou s’précipiti sur’ une sours’ peur’ y beur’ a pyèn’ bouch’/

Bouérounet de Villetenant avait si soif qu’il se précipita sur une source pour y boire à pleine bouche.

 

La source ere recouverte de cresson /la sours’ ér’ r’couvèrt’ de crésson/

La source était couverte de cresson.

 

Ou l’écartait avec lous daits de sa main, en même temps que la boune aigue, ou avalait un ralet.

/o l’écarti é avek lo dé d’sa min, an mêm' tan k’la boun’ yèg’ , ou z’avalé in ralé/

Il l'écartait avec les doigts de sa main, en même temps que la bonne eau, il avalait une grenouille.

 

C’ere pas bien bon, y vous au dis ! /kér' pa bien bon i vou z’o di/

Ce n’était pas bien bon, je vous le dis !

 

Boirounet essaya d’appuyar sur son ventre, de dansar la chebre bure, de se mettre la tête dans l’aigue en ouvrant la bouche pour faire sortir le ralet.

/bouérouné éssaya dapouya su son veintr’ , de dansa la chèbr’ bur’ , de s’métr’ la tyèt’ dan lyèg’ en ouvran la bouch’ pour fèr’ sortir’ l’ralé/

Boirounet essaya d’appuyer sur son ventre, de danser la chèvre bure, de se mettre la tête  dans la source en ouvrant sa bouche pour faire sortir la grenouille.

 

Le paure gars s’en retournait à Villetant la tête basse et le ralet dans l’estomac.

/l’por’ ga san r’tourni a vil’tan la tyèt’ bass’ é l’ralé dans l’estoma/

Le pauvre gars s’en retournait à Villetenant, la tête basse et la grenouille dans l’estomac.

 

Depeus co jour, le ralet grossissait dans son nouveau logement et chaque coup qu’ou ait sef, ou se mettave à couinar.

/dépeu tcho jou’ le ralé grossissi dan son nouvo logemain é chak co kou aï sé , ou s’métav’ a kouina/

Depuis ce jour, le râlet grossissait dans son nouveau logement et chaque fois qu’il avait soif, il se mettait à couiner.

 

C’ere bien amusant /kér’ bien amusan/

C’était bien amusant...

 

Lous vesins disserèrent à Boirounet /lo vezin dissérèr’ bouérouné/

Les voisins dirent à Boirounet :

 

« Oh ! t’es ventriloque aneut ? » /o t’é vantrilok aneu ?/

« Oh ! t’es ventriloque aujourd’hui ? »

 

Et non, y ai avala un ralet et ou cause. Ou couine tant qu’ou a sef. Faut que y lyi doune a beure pour le calmar.

/é non , y’é avala in ralé é ou kouoz’ , ou kouin’ tan kou z’a sé , fo k’i yi doun’ a beur’ pour’ le calma/

« Et non, j’ai avalé un ralet (une grenouille) qui cause. Il couine tant qu'il a soif. Faut que je lui donne à boire pour le calmer ».

 

Et ou donnave das explications en beuvant une chopine, un apéro.

/é ou donav’ an b’van une chopin’, in apéro/

Et il donnait des explications en buvant une chopine, un apéro.

 

C’est pas la peine de vous dire que le ralet chantive souvent dans l’estomac de Boirounet...

/ké pa la pèn’ de vou dir’ ke l’ralé chantiv’ souvan dan léstouma d’bouérouné/

Ce n’est pas la peine de vous dire que la grenouille chantait souvent dans l’estomac de Boirounet...

 

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La rainette est une ralette dans le sud du Cher qui parle marchois (Saint Jeanvrain), un ralet en Creuse, un rale /ralé/ en Dordogne, en Corrèze, un rale /ral’/ en sud Charente.

Une crécelle, c’est un moulinet, généralement en bois, formé d'une languette flexible qui produit un crépitement. Ce mot s’emploie aussi en parlant du cri, des bruits, émis par un animal (cigale, grillons)[1]. Dans une nouvelle de Jules Laforgue intitulée Lohengrin, fils de Parsifal, on peut lire qu’ « on n’entend par la nuit, pleine de solutions ordinaires, que la crécelle radoteuse des reinettes des étangs »[2]. De fait, la crécelle est asssociée à la grenouille au sens large et porte le nom de rainette dans la Nièvre, la Côte-d’Or... et celui de rolet dans la Nièvre, de ralot dans le Cher.



[1] http://www.cnrtl.fr/definition/crécelle

[2] Jules Laforgue, Moralités légendaires, Lohengrin, fils de Parsifal, chap. 2, 1887

                                                                          

 

 

Le Croissant marchois

 

     

 

 

               Pourquoi appeler cette langue le marchois ?

 

Michel Banniard est professeur à l’Université de Toulouse-Le Mirail, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études, et son travail porte sur l’histoire des langues romanes, depuis les origines latines jusqu’au Moyen Age. Ce spécialiste préfère appeler marchois « les parlers de la zone occidentale de l’aire de transition finale du limousin au poitevin et au berrichon et de l’auvergnat au bourbonnais, désignée du nom un peu étrange de "Croissant" ».

Pour lui, la référence à la "marche" d’un point de vue linguistique possède l’avantage d’évoquer une zone de contact qui repose « sur une assise historique et institutionnelle ».

Michel Banniard, Sur la notion de fluctuation langagière en diachronie longue (IIIe+VIIIe s.) à la lumière des enquêtes dialectologiques contemporaines, 2002

 

Le terme marchois au plan linguistique doit donc être pris comme une convention, dans un sens large et institutionnel même s’il déborde à l’est du cadre historique que fut le comté de la Marche. Il n’y a pas pour autant de volonté hégémonique sur les  régions naturelles qui conservent toute leur originalité et leur nom spécifique. Le toponymiste Ernest Negre écrit ainsi fort justement que « la Combraille, région de hautes collines boisées entre Evaux, Creuse, et Montaigut en Combraille, Allier, dans le Croissant » est une « région entre langue d'oïl et langue d’oc ».

                                                                            Ernest Negre, Toponymie générale de la France, tome 1, 1990, p. 259

 

Le Montluçonnais Louis Péroux, dans son Etude sur les parlers populaires dans la région de Montluçon (1926), mentionne les dialectes d’oïl (« ou galliques ») du Poitou, du Berry, de la Bourgogne, et ceux de langue d’oc (« la forme dite Romane ») du Limousin et de l’Auvergne : « entre ces deux, le parler du pays de Combrailles, le sujet de cet opuscule »1. Louis Péroux utilise à plusieurs reprises le terme parleange2 pour définir le "patois" parlé dans la région de Montluçon et, concernant ce qu’il appelle le Marchois ou Marcheix, « ces dires que l’on entend dans les vallées de la Gartempe, de la grande et petite Creuse », il établit le constat d’une réelle similitude avec son parleange : le lexique est identique (« à peine quelques mots sont différents »), les toponymes en Y sont aussi présents (« Sazeray, Fonteny, Pouligny »3) et il y a les « mêmes voyelles, même diphtongues partout. Peut-il être plus proche parenté que cela ? »4. 

1 Louis Péroux, Etude sur les parlers populaires dans la région de Montluçon, 1926, p. 2

2 Ibidem, p. 5

3 On peut citer dans cette partie du Croissant le bois Fonteny à Nouziers (23), la tuilerie de Pouligny à Chéniers (23), la commune de Sazeray au sud-est de l’Indre à la limite du département de la Creuse tout comme Pouligny-Notre-Dame qui est le point culminant de l'Indre (459 m.)

4 Ibidem, p. 58

 

L’espace linguistique marchois recouvre en partie 8 départements (Charente, Vienne, Haute Vienne, Indre, Cher, Creuse, Allier et Puy-de Dôme) et des régions définies historiquement et géographiquement :

L’Angoumois

En Charente (cf. Saint Claud)

Le Poitou

En Charente (cf. Champagne-Mouton), dans la Vienne (cf. Coulonges)

La Marche (basse)

En Charente (cf. Alloue), Haute Vienne (cf. Le Dorat) et dans la Vienne (cf. Charroux)

La Marche (haute)

En Creuse (cf. Guéret), dans l’Indre (cf. Saint-Benoit-du Sault, Eguzon-Chantome)

Le Boischaut (région naturelle)

Dans le sud de l'Indre (cf. Lourdoueix-saint-Michel)

La Marche (région naturelle)

Dans le sud Cher (cf. Saint Jeanvrain)

La Combraille marchoise

En Creuse (cf. Gouzon), dans l’Allier (cf. Marcillat-en-Combraille) et le Puy-de-Dôme (cf. Saint-Eloy-les-Mines)

Le Franc-Alleu

En Creuse (cf. Bellegarde-en-Marche)

Le Bocage bourbonnais, le pays Biachet

Dans l’Allier (cf. Montluçon)

La Limagne bourbonnaise

Dans l’Allier (cf. Vichy)

La Montagne bourbonnaise

Dans l’Allier (cf. Le Mayet-de-Montagne)

 

  • Louis Pérouas, fondateur en 1976 de l’association Rencontre des historiens du Limousin, a relevé chez le Marchois Pierre Robert [1], magistrat du Dorat vers 1614, la phrase suivante :

                « ceux de la Basse Marche ont leur parler mélangé de limousin et de poitevin [2]».

 

Il s’agit vraisemblablement de l'une des plus anciennes traces écrites concernant la langue marchoise : au XVIIe siècle, elle était déjà perçue comme présentant des caractères communs aux langues d’oc et d’oïl. Etabli par un « natif » au moment ou parler "patois" était usuel, ce constat précède de deux siècles les enquêtes linguistiques... Cela mérite d'être souligné.

  • Autre indication un siècle plus tard (en 1787). Le juriste marchois Simon Mallebay de La Mothe, originaire de Bellac, écrit pour sa part qu'avant la création du comté de la Marche « ces deux peuples [le marchois et le limousin] continuèrent d’être considérés comme un même, sans que les Marchois fisrent attention à cette espèce d’incorporation de leur nom & de leur pays à celui des Limousins, se contentant de le conserver dans les assemblées publiques & dans les affaires particulières qu’ils avoient avec eux, ainsi que leur langage dissemblable de celui des Lemocices ». Simon Mallebay de La Mothe, Observations de droit, de jurisprudence et d'usage des provinces de droit écrit du ressort du Parlement de Paris, 1787, p. 466
  • L’ouvrage collectif intitulé Patois et chansons de nos grands-pères marchois dirigé par Christophe Matho propose un cantique intitulé Noël de Montluçon et écrit dans le "patois" des paysans montluçonnais à l’époque du règne de Louis XIV. Il s’agit là de  l’un des plus anciens textes rédigés en marchois.  Pour Paul Duchon, auteur de nombreux ouvrages sur le Bourbonnais, son intérêt réside dans la situation géographique de cette commune bourbonnaise : c’est là que la Marche « vient expirer », c’est là où le « langage du Nord se heurte et se mêle au langage du Midi ». Il ajoute que « c’est donc là qu’on peut étudier la déformation respective des deux langues par leur simple contact, soit qu’elles s’empruntent des mots, soit qu’elles influencent mutuellement leurs sons et leur prononciation ».

    Paul Duchon, Deux noëls bourbonnais du XVIII° siècle écrits en patois de Montluçon in Bulletin de la société d'émulation du Bourbonnais, tome 20, 1912, p. 395

     

  • Christophe Matho écrit que pendant le haut Moyen Age (période allant du Ve au IX-Xe siècle), Montluçon et les Combrailles « cette zone de petites montagnes qui sépare aujourd’hui la Creuse de l’Allier et du Puy-de-Dôme » semblaient accrochés au territoire marchois. Jeanine Berducat, spécialiste du Berry, note que « certains historiens considèrent même que Montluçon est un territoire marchois, acquis assez tôt par les Bourbons, dès le XIIe siècle (…) il est effectif que les dialectes, les coutumes et les habitudes du pays de Montluçon et d’une partie des Combrailles sont plus proches de la Marche que du reste du Bourbonnais ».

    Christophe Matho et collectif, Patois et chansons de nos grands-pères marchois, 2010, p. 6 et p. 9

     

  • En 1891, le linguiste Herman Suchier, philologue et spécialiste de la littérature du Moyen Age écrit au sujet du Noël de Montluçon publié par la Revue lyonnaise de septembre 1884 (p. 323) qu’« on reconnaît, à ne pas s‘y tromper, une influence français très énergique »  Herman Suchier, Le français et le provençal, 1891, p. 80

     

  • Sven Ködel explique que la situation linguistique particulière de la Creuse fut évoquée dès 1799 dans un mémoire statistique rédigé sous le Consulat intitulé Description abrégée du département de la Creuse du 26 fructidor an VIIS’il ne s’agit pas encore de parler d’une limite entre le « patois » du nord et ceux du sud du département, ce document manuscrit établit d’ores et déjà le constat d’une différence linguistique : « l’accent devient plus agréable et se rapproche plus du français dans les cantons qui avoisinent les départemens du Cher et de l’Allier ; et le patois est plus caractérisé dans les autres localités, et surtout dans celles qui sont sur la lisière des départements de la Corrèze et de la Haute Vienne ». Description abrégée du département de la Creuse, 1799, ANF F 20/179, feuillet 1, in Sven Ködel, L’enquête Coquebert de Montbret (1806-1812) - les langues et dialectes de France et la représentation de l’espace linguistique français sous le Premier Empire, 2015


[1] Pierre Robert, né et décédé au Dorat, fut premier magistrat de la Basse Marche. Il avait commencé la rédaction d'une Histoire de la Marche en associant l'histoire, la géographie et  l'économie locale mais il ne put mener son travail à terme

[2] Louis Pérouas, Pierre Robert, 1589-1658: un magistrat du Dorat entre érudition et observation, 2001, p. 92

 

 

  • La délimitation des langues d'oc et d'oïl était plus ou moins niée avant 1876 et l’enquête de Charles de Tourtoulon et d’Octavien Bringuier (félibres membres de la Société pour l'étude des langues romanes de Montpellier) intitulée Rapport sur la limite géographique de la langue d'oc et de la langue d’oïl. C’est à eux que revient la reconnaissance de l’espace linguistique marchois, entre le domaine d’oc et domaine d’oïl, que Jules Ronjat appellera Croissant en 1913. Pour de Tourtoulon, le marchois est un sous-dialecte occitan dérivé du dialecte limousin. Pourtant, il reconnaissait après avoir relevé des phrases à Magnac-Laval (87), qu’il « serait assez difficile de déterminer la langue à laquelle appartiennent les deux phrases suivantes recueillies par nous dans la même commune (Magnac-Laval) : "Vaqui des femmes que passan ; elles vandan de l’oli". " Véci de la fannâ qui passan ; a vandan de l’eule". On peut cependant, avec les éléments qu’elles fournissent, reconstituer une phrase d’oc et une phrase d’oïl parfaitement reconnaissables ». Malgré tout, il ne peut reconnaître le marchois en tant que tel,  puisque pour lui « l’expression d’oïl a le plus souvent son équivalent d’oc, et par conséquent il y a là entrecroisement de deux idiomes et non combinaison d’éléments empruntés à ceux sources différentes pour constituer une langue ». Charles de Tourtoulon, Octavien Bringuier, Rapport sur la limite géographique de la langue d'oc et de la langue d’oïl, 1876, p. 586
  • Cette affirmation du caractère "occitan" du marchois, il semble vouloir la pondérer une quinzaine d’années plus tard. En effet, lors du Congrès de philologie romane réuni à Montpellier en mai 1890, Charles de Tourtoulon fait une communication sur la classification des dialectes dans laquelle il met en avant la capacité des locuteurs-ices de langue d’oc à reconnaître les autres dialectes d’oc. Le premier exemple que prend de Tourtoulon, c’est celui  de « la femme P…, née en 1810, à Montpellier ; d’intelligence moyenne ; sait lire, presque pas écrire ; connaît parfaitement le patois de sa ville natale et malheureusement assez bien le français pour une femme du peuple de ce pays. Pendant plus de trente ans, cette femme est restée attachée successivement à deux personnes de ma famille avec qui j’ai voyagé en France et en Espagne ». De Tourtoulon assume totalement ce choix et il le justifie : « je sais avec quels sourires dédaigneux et quelles fines plaisanteries certains théoriciens vont accueillir cette classification des parlers par une femme du peuple. Mais les gens de bon sens, qui savent combien d’indications précieuses sur des nuances de structure animale ou végétale les naturalistes doivent à des remarques de paysans, ne seront pas étonnés de me voir donner cet exemple de classement instinctif des langages. Ils savent que, pour saisir l’allure et la physionomie des parlers populaires vivants qu’elle comprend, une cuisinière vaut dix élèves de l’École des Chartes, comme pour relever à première vue certaines particularités de la faune ou de la flore locales, un paysan vaut dix citadins, fussent-ils membres de l’Institut ». Cette femme va se voir proposer un voyage linguistique qui va aussi concerner le domaine marchois : « Si, partant de Montpellier, nous nous dirigeons vers le Nord, la femme P… comprend très aisément le parler des Cévennes, le lozérien, le rouergat ; avec un peu plus de peine, mais encore assez bien, le dauphinois, l’auvergnat, le limousin de la Creuse. Sur les confins de la langue d’oil, l’expérience devient plus difficile : le français appris rend le contraste des langues moins appréciable. Cependant, ce que Bringuier et moi avons appelé le sous-dialecte marchois est traité de franchiman (français du Nord) par mon sujet ».
  • L’avocat montpelliérain écrit que « que la femme P… appelle franchiman tout parler où les paroxytons d’oc sont devenus oxytons, soit le déplacement de l’accent tonique, soit par la substitution de l’e muet aux voyelles post-toniques ». Si le marchois est rangé parmi les langues proches du français, il en va différemment pour le limousin reconnu comme étant un dialecte d’oc : « Dans le limousin bien parlé, elle reconnaît la place de l’accent tonique même lorsque la finale post-tonique est longue, puisqu’elle range ce dialecte dans la catégorie des parlers gabachs ». 
  • « En résumé, pour cette femme, les langages sur lesquels son attention a été appelée se divisent ainsi : 1° son patois montpelliérain ; 2° le provençal ; 3° le niçard (niçois) ; 4° les parlers gabachs (patois de Béziers, de l’Aude, de Toulouse, de l’Ariège, cévenol, lozérien, rouergat, auvergnat, dauphinois, limousin), qu’elle distingue presque tous les uns des autres ; 5° le parler de Bordeaux (h pour f initial) ; 6° le catalan ; 7° les parlers franchimans ; 8° les langues qu’elle ne comprend pas. Tout ce qui n’est pas langues étrangère, catalan ou franchiman, est pour elle « notre patois ou un patois qui ressemble au nôtre ». Charles de Tourtoulon, Communication sur la classification des dialectes in Revue des langues romanes, tome XXXIV, 1890, pp. 148-149

 

                                                      

 

Il y a trop de liens directs, de similitudes entre le marchois et différents dialectes d’oïl pour que ce ne soit le seul fait du hasard. Certains aspects linguistiques communs sont très anciens et remontent à l’ancien français. Ils n’ont donc aucun lien avec le français standardisé du XIXe siècle imposé par l’école de Jules Ferry. La langue marchoise est particulière, influencée par la langue d’oïl, la langue d’oc, et dotée de spécificités qui lui sont propres. La revendication occitane sur le Croissant marchois date de 1876 avec l'enquête des Montpelliérains Bringuier et de Tourtoulon. Elle est loin d'être évidente comme le montre une étude détaillée de sources diverses et variées :

  • En 1891, Hermann Suchier, linguiste allemand d’origine française, définit clairement le domaine marchois sur son aile ouest (Charente et Haute Vienne) et en son centre (Creuse)à partir de La Rochefoucault, la frontière entre français et « provençal » n’est plus formée d’une simple ligne « mais d’une large langue de terre qui, s’étendant de plus en plus atteint d’abord la rive de la Vienne au Nord-Nord-Est puis longe à l’Est à peu près la limite sud des départements de la Vienne et de l'Indre. Sur cette langue de terre, on parle le Marchois, qui est un mélange de français et de provençal : De Tourtoulon lui attribue comme origine une fusion entre les habitants français et provençaux. Ce dialecte comprend les villes de Saint-Claud, Champagne-Mouton, Availles-Limousine, Le Dorât, La Souterraine, Guéret. — Confolens et Bellac sont voisins du Marchois, mais parlent déjà provençal (…) [l’occitan était à l’époque appelé provençal]». De Tourtoulon est probablement dans le vrai quand il dit que le Marchois se prolonge vers l’Est, le long de la frontière des départements de l’Allier et du Puy-de-Dôme pour se mélanger dans le Pays du Roannais avec le moyen-rhodanien [francoprovençal – NDLA] ».  Herman Suchier, Le français et le provençal, 1891, pp.78-79
  • Pour ce qui est du versant est du Croissant marchois, René Louis, professeur de littérature médiévale à l’université de Paris X-Nanterre, avance en 1947 l’idée que « le dialecte mixte dit « marchois » devait bien exister aussi au XIIIe siècle et s’étendre au-delà de Guéret jusqu’au confins de l’Auvergne et du Bourbonnais (…) ».
  • Ce fut le linguiste occitan Jules Ronjat qui employa en 1913 pour la première fois le terme de Croissant dans son ouvrage Essai de syntaxe des Parlers Provençaux Modernes. Il le présente ainsi (p. 6) : « des environs d’Angoulême aux abords de l’Allier à l’Est de Gannat, elle a la forme générale d’un arc de cercle dont la corde serait sensiblement dirigé de l’Ouest à l’Est et elle sépare notre domaine linguistique d’un territoire, présentant la forme générale d’un croissant (…) dans lequel on rencontre des parlers intermédiaires entre provençal et français ». On remarque que Ronjat parle bien d’une séparation d’avec le domaine occitan (cf. « notre domaine »).
  • Evoquant la limite qui sépare d'Ouest en Est la France du Nord de la France du Sud, Jean-Claude Rivière écrit que celle-ci coupe la Creuse aux 2/3 et qu’elle mord légèrement sur le sud de l'Allier : l’espace linguistique marchois appartiendrait donc à la France du Nord.

    Jean-Claude Rivière, Situation des langues d'Oc  in l'Information Grammaticale N° 12, 1982,  p. 14

  • L’ouvrage dirigé par Christophe Matho et intitulé Patois et chansons de nos grands-pères marchois  est défini comme étant « centré sur l’unité linguistique qui existe de Bellac à Montluçon, à cette langue différente de l’occitan et du français qui existe dans ce secteur, dans cette largeur pour être exact [1]».
  • Parmi les « dix choses étonnantes qui montrent que la Creuse est vraiment un territoire unique », le journaliste Eric Donzé explique dans le journal La Montagne du 4 novembre 2016 que les Creusois pratiquent une langue secrète : « c'est vrai dans une partie du département, le nord de la Creuse, qui s'inscrit dans un « croissant linguistique » qui court du Poitou au Berry. Le « Parler marchois » marie ainsi de manière surprenante les langues d'Oc et d'Oïl refusant ainsi la ligne de partage entre les deux cultures qui séparent la France ».

Etudions cette « largeur » : (voir aussi ICI le domaine marchois)

Charente

  • Jean-Baptiste Ménimeau, sous-préfet de Confolens, envoie en 1806 deux traductions de la Parabole de l’enfant prodigue : la première est dite « en patois limousin d’une partie de l’arrondissement de Confolens », la seconde «  en patois poitevin d’une partie de l’arrondissement de Confolens ». Si la première affirmation ne pose pas de souci, on constate une nouvelle fois (cf. comme en Creuse) qu'on considère les parlers marchois comme étant d’oïl (ici poitevins). En effet, on ne parle pas « poitevin » dans les cantons de Saint Claud et de Champagne-Mouton mais bien marchois.
  • Ce point de vue était partagé quelques années plus tard par J-P Quénot lorsqu’il rédige la Statistique du département de la Charente (1818) : « dans le canton de Champagne-Mouton, arrondissement de Confolens, et dans quelques communes au nord-est de l’arrondissement de Ruffec, on parle un tout autre patois qui a moins de rapport avec le limousin qu’avec le poitevin, et qui n’est qu’une corruption de ce dernier (…) ».
  • Paul Meyer estimait que deux éléments importants ressortaient de l’enquête des félibres Montpelliérains de Tourtoulon et Bringuier : d’une part, que la limite entre langues d’oc et d’oïl ait été établie sans hésitation (cf. en Gironde), et d’autre part le fait qu’ « entre Conflens et Ruffec, puis dans le nord de la Haute-Vienne, se parle un patois qu’on peut véritablement appeler mixte ». Pour le co-fondateur de la revue Romania qui deviendra le Directeur de l’école des Chartes, reconnaître l’existence d’un « patois » mixte n’était déjà pas une mince affaire aussi n’est-il pas étonnant de lire sous sa plume qu’ « un tel idiome ne remonte pas à une période très ancienne », affirmation qui ne demandait qu'à être vérifiée... Paul Meyer, Archives des missions scientifiques et littéraires in Romania, tome IV, 1877, pp. 632-633
  •  
    L’abbé Jean-Pierre Rousselot mène en 1879 une enquête linguistique sur son "patois" qui va le conduire depuis son village natal de Saint-Claud puis Cellefrouin (Charente) jusqu’aux Monts de la Madeleine (Allier). Il constate qu’à Lessac (Charente) comme à La Souterraine (Creuse), il a « été pris pour un voisin » attestant de l’intercompréhension entre locuteurs marchois de ces différents départements. Par contre, ceux qui habitaient en zone limousine où il n’y a pas de E muet en fin de mot, « étaient considérés comme des étrangers ». Parlant le marchois depuis son enfance, ce Charentais le définit comme étant « à cheval sur la limite des idiomes du Nord et de ceux du Midi [2]».

L’abbé Jean-Pierre Rousselot est loin d’être un inconnu : président de la Société Linguistique de Paris, auteurs de nombreux ouvrages, fondateur de la Revue des patois gallo-romans, de la Revue de phonétique, professeur au Collège de France, il enseigna l’histoire de la langue française à l’Institut catholique de Paris, y occupa la première chaire de phonétique expérimentale jamais créée dans le monde (1889) et se vit confier le premier laboratoire de phonétique.

  • Abordant le marchois parlé à Cellefrouin en Charente et étudié par l'abbé Rousselot, Jules Ronjat écrit que « même avant les apports directs du français, avant les emprunts de l’époque moderne et contemporaine, l’évolution normale rapproche le langage de Cellefrouin de ses voisins français de l’Angoumois ». Jules Ronjat, Essai de syntaxe des parlers provençaux modernes, 1913, p. 11
  • En Charente, au nord d’Angoulême (La Rochette, Agris, Sainte-Colombe, Saint-Amand-de-Bonnieure, etc.), le marchois constitue l’extrémité ouest du Croissant et marque un continuum avec celui parlé en Basse Marche, dans la Vienne, la Creuse, etc. Toutefois, détachées de l’espace marchois, une aire isolée se prolonge au sud avec Juillaguet et une autre, encore plus au sud, subsiste dans le canton d’Auberterre-sur-Dronne (Les Essarts, Bonnes, Saint-Martial, Laprade, Saint-Romain, Aubeterre, Nabinaud, Saint-Séverin, Pillac et Montignac-le-Coq) qui se prolonge dans quelques localités de la Dordogne limitrophe (Puymangon, Chenaud).
  • A la fin du XIXe siècle, le linguiste allemand Herman Suchier signalait ces douze communes du sud Charente : « (la plus grande est Aubeterre) où se parle une langue mélangée que les habitants appellent Angoumoisin. On trouve une langue mélangée analogue un peu plus au nord dans la localité de Juillaguet (…) ». Herman Suchier, Le français et le provençal, 1891,  p. 78
  • Gaston Guillaumie écrivait en 1927 que les localités linguistiquement marchoises du sud Charente « forment une région mixte dont le canton d’Aubeterre occupe la plus grande partie. Les deux langues y sont tellement confondues que toute classification paraît impossible [4]».
  • Graham Robb est un historien britannique qui connaît bien la France : il a été nommé en 2009 Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres et il a publié en 2011 Une histoire buissonnière de la France. Il définit en Charente le point d’intersection entre pays d’oc, pays d’oïl et Croissant : il se situerait au nord-est d’Angoulême « à l’endroit où la forêt de Braconne s’arrête brusquement pour ouvrir sur les plaines et la vallée de la Charente. Le hasard a voulu que l’aménagement du paysage illustre parfaitement la démarcation nord-sud : le Croissant est marqué par la forêt, le coté nord, d’oïl, par un champ de blé, et le côté sud, d’oc, par une vigne ».

    Graham Robb, Une histoire buissonnière de la France, 2011
  • De nos jours, Eric Nowak estime que « le classement de ces parler intermédiaires, s’il est constamment fait de manière à les ranger du côté d’oc, n’est pas cependant sans poser problème [3]». Il cite à l’appui des passages de Tourtoulon qui reconnaissait avoir eu des hésitations à ranger des localités (cf. Saint-Martial, Laprade, Saint-Romain, Aubeterre, Nabinaud et Juillaguet) soit en oïl soit en oc et qui expliquait que « les habitants des douze communes (…) appellent leur langage de l’angoumoisin et le distinguent du saintongeais ([dialecte d’oïl à l’ouest –NDLA]) et du périgourdin ([sous-dialecte limousin à l’est]) ».

 

                                                       

 

                                                 C = Cellefroin   D = Le Dorat   S = La Souterraine   M = Montluçon

 

 

Haute Vienne

 

·         Une quinzaine de versions « patoisantes » de la Parabole de l’enfant prodigue a été relevé au début du XIXe siècle dans la Haute Vienne. Les enquêteurs avaient alors déjà identifié deux types de langage :

- Le premier défini comme étant limousin, concerne Limoges et ses environs.

- Le second, plus au nord, n’est à l’époque pas nommé (on sait maintenant qu’il s’agit du marchois). Il « s’éloigne plus ou moins du véritable patois limousin et se rapproche du français ». La langue parlée dans l’arrondissement de Bellac (Basse Marche) diffère du limousin « en ce qu’il est composé d’un plus grand nombre de mots absolument français, en ce qu’il n’admet pas d’autres sons que ceux usités dans la langue française et enfin en ce qu’on ne trouve pas dans ce langage aucune trace de l’accent limousin [1] ». Il apparaît de ces constatations que « la Gartempe est à quelques légères exceptions près la ligne de démarcation des deux divisions ».

                                                                        Source : Guylaine Brun-Trigaud, Le croissant, le concept et le mot, 1990

  

                                           

                                     

  • Sven Ködel a publié en 2015 L’enquête Coquebert de Montbret (1806-1812) - les langues et dialectes de France et la représentation de l’espace linguistique français sous le Premier Empire. (il s’agit de la publication de la thèse d’histoire et civilisations en co-tutelle franco-allemande, soutenue en 2013 à l’université Paris-Diderot (Paris 7). On peut y lire deux témoignages étalés entre 1807 et 1810 qui émanent de notables de la Haute Vienne nés autour de 1750 à une époque où la pratique du « patois » était usuelle et où l’école obligatoire n’était pas uniformatrice : Léonard Badou est né en 1761, Pierre Gondinet en 1754.
  • Pierre Gondinet, docteur en médecine, fut maire de Saint-Yrieix-la-Perche et, à partir de 1800, sous-préfet de l’arrondissement de Saint-Yrieix à l’extrême-sud de la Haute Vienne, en zone limousine d’oc. Il « fait observer [en 1807] que le limousin se parle dans la plus grande partie du département, alors que dans le seul arrondissement de Bellac, les habitants "entendent et parlent le français" ».
  • Léonard Badou est médecin lui aussi et il occupe de 1800 à 1814 les fonctions de sous-préfet de l’arrondissement de Bellac. En 1810, ce Marchois « distingue deux espaces linguistiques, séparés par la rivière Gartempe : sur la rive gauche, on parlait, selon lui, un patois qui " s’éloigne le moins du patois limouzin", sur la rive droite "un langage qui se rapproche du français" ».

                                                       

  • Frédéric Mistral, le chantre du provençalisme (cf; occitanisme), considérait les monts de Blond qui séparent le Limousin de la Basse Marche comme étant la limite oc/oïl. Une plaque commémorative a été apposée sur un rocher et les Félibres limousins y viennent régulièrement en délégation.
  • En 1866, le Limougeaud Emile Ruben, alors secrétaire général de la Société d’archéologie de Limoges, écrit que « (…) les deux tiers de l'arrondissement de Bellac et une grande partie du département de la Creuse avaient un patois se rapprochant beaucoup plus des dialectes de la langue d'Oil que de ceux de la langue d'Oc ».
  • En 1907, Roger Drouault, membre de la société archéologique et historique du Limousin, écrit dans sa Monographie du canton de Saint-Sulpice-les-Feuilles que le langage local « diffère totalement du patois limousin » et qu’il paraît se rapprocher du parler berrichon ou du marchois.

    http://monographie-st-sulpice-les-feuilles.fr/genrealites-langues-vernaculaires/

  • L’abbé Pierre-Eugène Rougerie, natif de la Haute Vienne limousine (Aixe-sur-Vienne), fut professeur de philosophie au petit séminaire du Dorat puis évêque de Pamiers de 1881 à sa mort en 1907. Il a publié plusieurs études consacrées au Dorat (le château, l’église paroissiale, les saints marchois Israël et Théobald, etc.). En 1871, il écrit qu’ « au Dorat, l’idiome populaire était un dialecte de la grande langue d’oil, qui est devenue la langue française. Il finissait au midi, et tout près de la ville, sur les rives de la Gartempe, pour céder la place à la langue d’oc qui commençait sur la rive gauche de cette rivière. On trouve encore aujourd’hui des traces incontestables de ce partage car le français en tant que langue usuelle et populaire des campagnes, n’a pas encore franchi la Gartempe ; au midi de cette rivière domine le patois limousin qui relève de la langue d’oc. Cette répartition que nous voyons de nos jours subsistait dans toute sa force au Xe siècle : la langue du nord ou d’oil était la langue populaire du Dorat et la Gartempe séparait dans la basse Marche les peuples des deux langues rivales ». Pierre-Eugène Rougerie (abbé), Vies de saint Israël et de saint Théobald, chanoines de l'église collégiale du Dorat, 1871, pp. 55-56
  • Un siècle plus tard (1995), le toponymiste limousin Marcel Villoutreix évoque « la partie non occitane du nord de la Haute Vienne [5] ». En 1997, il précise  qu’ « en ce qui concerne la Haute Vienne, il faut noter que ce département est traversé, entre Bellac et Le Dorat, par la limite nord du domaine occitan. Au nord de cette limite, la région qui a été appelée Basse Marche constitue une zone dite « croissant » où se mêlent des traits appartenant à la langue d’oc et à la langue d’oïl ».
  • Louis Pérouas fut historien et spécialiste de la vie religieuse en Limousin. Il estime lui aussi dans son livre Pierre Robert, 1589-1658 : un magistrat du Dorat entre érudition et observation (2001) que la frontière septentrionale de la langue d’oc passait entre Bellac et le Dorat.
  • Dans sa thèse de doctorat (1983), France Lagueunière rapporte que « pour les habitants du nord des cantons du Dorat, de Magnac-Laval, de Saint-Sulpice-les-Feuilles, la langue parlée au sud de la Gartempe est une langue étrangère, mal comprise : un habitant de Saint-Léger-Magnazeix affirme pouvoir discuter sans difficulté notable avec un Creusois ou un Charentais ; il n’en est plus de même avec un habitant du canton de Nantiat  ».
  • Evoquant les bocages de la Basse Marche, Olivier Belabanian, professeur de géographie à l'université de Limoges, écrit que « cette région qui commence au nord des monts de Blond et d’Ambazac, possède un relief bien plus calme que toutes les autres régions limousines. C’est là que s’arrête la langue d’oïl ; au sud des monts de Blond et d’Ambazac commencent les parlers de langue d’oc ». O. Belabanian évoque « une frontière linguistique essentielle : celle des langues d’oc et d’oïl. C’est aussi une frontière humaine majeure qui traverse le territoire limousin ». Pour cet universitaire, « la Basse Marche est donc un pays de transition largement ouvert aux influences des régions voisines comme la Brenne [région de l’Indre, autour du Blanc] et le Montmorillonnais [région de la Vienne, autour de Montmorillon] ».
  • La Basse Marche est donc au contact des pays voisins situés au nord ou à l’est mais visiblement beaucoup moins vers le Limousin, pays d’oc. Ce constat est partagé par Guy Chambon, professeur de sciences économiques à Limoges, qui écrit que « l’arrondissement de Bellac reste majoritairement tourné vers les départements de l’Indre, de la Vienne et de la Creuse [6] ».
  • Georges Séverac, alors chef de travaux d’économie rurale à l’Institut national Agronomique, écrit que le métayage est un phénomène qui s’observe au sud d’une ligne Saint Malo-Genève « encore faut-il exclure la Bretagne, l’Auvergne, la Savoie et le Dauphiné ». Parmi les régions où le métayage tient le plus de place, il cite « l’Aquitaine, le Limousin, l’Ouest (Vendée et Mayenne), le Centre (Creuse, Allier), le Beaujolais et la Basse-Provence ».[1]. Le métayage avait été maintenu par les grands propriétaires du Limousin. Au début des années 1880, sur 98 domaines, 74 étaient cultivés par des métayers : « le métayage s’est maintenu en Limousin ; il a transformé l’agriculture de toute cette province ; et personne aujourd’hui ne songe à l’abandonner pour recourir au fermage »[2]. Dominique Danthieux, professeur d’histoire-géographie et spécialiste du mouvement social en Haute-Vienne de la fin du XIXème aux années 1970, explique que « le processus a été différent en Basse Marche où grande propriété et métayage sont anciennement associés. La grande propriété marchoise est d’abord d’essence aristocratique. Quelques dynasties nobiliaires se transmettent de vastes domaines dont elles confient l’exploitation à leurs colons. A ce modèle traditionnel, s’ajoute un modèle domanial importé des départements voisins dans l’arrondissement de Bellac par des propriétaires poitevins ou berrichons qui se rendent acquéreurs de terres et confient la marche de leurs domaines à des fermiers généraux »[3].
  • L’historien Michel Christophe Kiener a été professeur au Lycée Gay-Lussac de Limoges et adjoint au maire de cette commune de 1983 à 2008. Il écrit que « le Limousin, occitan de culture, est séparé du Poitou et du Berry franchement nordiques par une zone où se mêlent parlers du nord et du midi, mais aussi droit écrit et droit coutumier, en une géographie complexe : le "croissant marchois", pays de Pierre Robert [président de siège royal, notable du Dorat (Basse Marche) au XVIIe siècle - NDLA]. Tout concourt en revanche à faire du Limousin un pays pleinement occitan : ses villes ont des consuls et non des maires, il est de droit écrit et les confréries de pénitents y fleuriront dès le XVIIe siècle comme en Provence, institution parfaitement étrangère par contre à la mentalité poitevine ou berrichonne, et ignorée même du "croissant" ».

    Michel Christophe Kiener, Jeux de vilains, jeux de villauds dans le Limousin des XVIe et XVIIe siècles, in Les jeux à la Renaissance : actes du XXIIIe Colloque international d'études humanistes, 1982, p. 599



    [1] Georges Severac, Réflexions sur le métayage en France in Économie rurale N°48, 1961, p. 6

    [2] Benoît Clappier, Le métayage particulièrement en Limousin, thèse de droit, Poitiers, 1899, p. 179

    [3] Dominique Danthieux, Le département rouge : république, socialisme et communisme en Haute-Vienne  (1895-1940),

    2005, p. 102

  • Michel Cassan a longtemps été professeur d’Histoire et directeur du Centre de recherche historiques à l’Université de Limoges avant de rejoindre l'Université de Poitiers. Ce spécialiste apporte une information intéressante au point de vue juridique. En Basse Marche, au Moyen Age, les héritages étaient fondés sur la recherche de l’équité entre tous les protagonistes tandis que juste en dessous, en Haut Limousin, il n’y avait qu’un seul héritier : «  ce système, dur aux cadets, rattache le Haut-Limousin à la France méridionale et de droit écrit où l’inégalité successorale est de règle   [7] ».

On voit avec ce dernier exemple que la Basse Marche, régie par une Coutume comme dans le nord de la France, ne fait pas partie du Limousin et donc pas de l’ « Occitanie du nord ».

                                                                

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Onésime Reclus, géographe originaire du Béarn, faisait remarquer en 1908 que «  pour plus d'exactitude, le vieil idiome d'oc, disons aujourd'hui le patois d'oc, n'a jamais régné dans toute la Marche  ». Pour lui, le nord de la Marche relevait de «  l’idiome du nord, en sa variété berrichonne ».

                                                                                                 Onésime Reclus, La France à vol d’oiseau, 1908, p. 68

 

                                                        

 

Creuse

  • Jean-Marie Rémy fut sous-préfet d’Aubusson. Il rédige en 1804 (an XIII) un mémoire statistique sur l’arrondissement d’Aubusson. S’il constate que l’idiome d’oc de la région aubussonnaise partage des points communs avec les départements environnants (Haute Vienne, Puy-de-Dôme), plus au nord « (…) au centre de l’arrondissement, il ne diffère pas sensiblement du patois en usage à Guéret et il est beaucoup moins dur, moins grossier que le patois limousin. Il a beaucoup de mots dérivés du français, d’autres qui paraissent analogues à l’italien et à l’espagnol  ». Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse , 1919, pp. 194-195

  • Suite à l’enquête diligentée par le ministère de l’Intérieur au tout début du XIXe siècle, les Coquebert de Montbret, père et fils, avaient établi une limite entre langue d’oïl et langue d’oc : le domaine marchois était rangé parmi les dialectes de langue d’oïl tandis que le nord-occitan (limousin, auvergnat, vivaro-alpin) restait au sud de la ligne séparant le domaine d’oc de celui d’oïl. En Creuse, « les patois en usage à La Souterraine et à Champeix diffèrent assez considérablement de ceux du midi du département et peuvent être considérés comme des dialectes de la langue française proprement dite (…) ». Coquebert de Montbret, lettre au préfet de la Creuse, mars 1809
  • En Creuse, à l'ouest de Guéret, « les renseignements pour Saint-Vaury sont de la main du curé Péraud qui avait même rédigé en patois deux des trois lettres qu’il adressa au préfet. Outre la traduction de la parabole (qui fut encore incomplète lors du premier envoi, puis traduite en entière dans sa dernière lettre), Péraud envoya une chanson patoise. Selon lui [le préfet], elle fut composée par l’avocat Dumas de Limoges, puis adaptée par Péraud lui-même au patois de Saint-Vaury 1». Que dit ce prêtre, Léobon Péraud ? « Y vou’auri be adressa cauque chansou en patois ; mas y n’aurie pas reipoundu exactement a votre demande ; parce que’au y o trop de difference entre moun langage et cauqui de quelas chansous limougeaudas 2». (Je vous aurais bien adressé quelques chansons en patois, mais je n’aurais pas répondu exactement à votre demande parce qu’il y a trop de différence entre mon langage et celui de ces chansons limougeaudes).1 Sven Köde, Die Enquête Coquebert de Montbret (1806-1812), 2015 2 Lettre de Léobon Peraud, curé de Saint-Vaury, au préfet de la Creuse, le 2 août 1808 (BNF NAF 5910 f. 269)

  • Chargé de renseigner Coquebert, un conseiller de la préfecture de la Creuse, Louis Léonard Michelet, estime en 1809 que dans les cantons de Chambon, Châtelus-Malvaleix et Bonnat, tous situés dans le nord de la Creuse, « il n’y a point de patois proprement dit : le langage du peuple est un français qui pour n’être pas très pur, & quoique mêlé d’expressions locales, comme il y en a partout, n’en est pas moins entendu de tout le monde ». Réponse du conseiller de la préfecture, 22 février 1809, BNF NAF 5910 f. 262, in Sven Ködel, L’enquête Coquebert de Montbret (1806-1812) - les langues et dialectes de France et la représentation de l’espace linguistique français sous le Premier Empire, 2015

  • Antoine Bourdon (né le 14 avril 1752 dans le Loir-et-Cher à Blois et décédé le 8 juillet 1815 à Boussac en Creuse), fut élu à Riom pour le groupe du clergé à l’Assemblée nationale constituante et il y siégea du 24 novembre 1789 au 30 septembre 1791. Cet ancien curé devint ensuite en 1800 sous-préfet de Boussac. Chargé lui aussi de renseigner l’enquête impériale, il estime dans une lettre que le langage parlé localement ne peut être qualifié de patois, y voyant « plustôt un françois écorché ».

    Lettre du sous-préfet de Boussac, 29 juillet 1808, AD Creuse 186 T 1, cité d’après BOUSCAU 1987, in Sven Ködel
  • Le linguiste Antoine Thomas est né en Creuse. En 1879, après avoir mené une enquête linguistique dans ce département, il estime que le marchois, alors appelé patois du nord, « (…) n’est à vrai dire, ni de langue d’oïl, ni de langue d’oc; mais il offre, dans des proportions variées et simultanément des caractères que d’ordinaire l’on attribue exclusivement soit à la langue d’oc, soit à la langue d’oïl ».
  • François Vincent, médecin à Guéret, a obtenu en 1878 en récompense de son travail sur les « patois » creusois le prix de la Société des Langues romanes de Montpellier. Il publie des contes entre 1874 et 1886 dans la revue la Revue des langues romanes, proche du Félibrige et écrit en 1884 que le marchois, qu’il appelle le « patois du nord », doit être rangé « dans la classe des patois de langue d’oïl plutôt que dans celle des patois de langue d’oc ». Il précise au sujet de Maison-Feyne, au nord-est de la Souterraine, que « les deux tiers des mots au moins sont français, l’autre tiers peut être rapporté aux dialectes du midi ; la prononciation est française à peu d’exceptions près ». Source : Revue des langues romanes, p. 224, 1884
  • Gustave Derennes fut  inspecteur d'Académie à Guéret. En collaboration avec C. Delorme,  il écrit en 1888 la Géographie du département de la Creuse. On peut y lire que « la langue française est parlée dans tout le département. Les patois usités dans les campagnes peuvent se rattacher, celui du Nord [le marchois] au patois berrichon, celui du Sud au patois limousin et celui de l'Est au patois auvergnat ».

    Gustave Derennes, C. Delorme, Géographie du département de la Creuse : physique, politique, historique, administrative, économique et commerciale, 1888

  • Joseph Anglade, spécialiste de l’occitan, des troubadours et de l’ancien français,  reconnaissait que le département de la Creuse n’appartenait pas entièrement à la langue d’oc. Joseph Anglade, Histoire sommaire de la Littérature méridionale au moyen-âge (des origines à la fin du XVe siècle), 1921, p. 11

  • Gilles Rossignol, qui fut universitaire et maire de Chambon-Sainte-Croix, écrit dans son ouvrage Le guide de la Creuse (1988) que ce département « (…) se situe exactement sur la limite entre les pays d’oïl et d’oc. Marche historique, la Creuse est aussi une marche linguistique ».
  • « Situé à la limite des langues d’oc et d’oïl, notre région creusoise a subi l’influence de l’une et de l’autre. La langue d’oc a été cependant la plus employée ; aujourd’hui encore, on peut considérer le patois de la moitié sud de la Creuse comme un patois limousin, patois de langue d’oc. ». Cette citation de René Chatreix, ancien membre de la Société des Sciences de la Creuse (il est décédé en 1994), fait référence à la partition linguistique du département et à ses influences venues du Nord et du Sud. René Chatreix, Histoire de la Creuse, 1976, p. 34
  • Ce même René Chatreix fut instituteur à Saint-Maurice-la-Souterraine pendant plus de 35 ans. Il a rédigé une monographie de cette commune dans laquelle on peut lire que, différent du patois limousin et se rapprochant du parler berrichon, du marchois, « le patois de Saint Maurice se prononce comme le français, avec l’accent tonique sur les même syllabes ; mais il ne comporte pas de liaison. Il renferme beaucoup de mot français, on le parle partout mais un peu moins qu’autrefois ».

    René Chatreix, Monographie de la commune de Saint-Maurice-la-Souterraine in Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, 1947-1949, p. 425

  • La commune de Colondannes est située entre la Souterraine et Dun et se trouve à 30 km de Guéret. En Creuse, « la langue a évolué de manière à donner deux dialectes distincts : la langue d’oc au sud et au centre, et la langue d’oïl au nord, à partir de la vallée de la Gartempe. Le Limousin a subi l’influence du midi et la Marche a subi l’influence du Poitou et du Berry. Colondannes est donc toute proche de cette frontière des deux langues mais elle est restée soumise à la langue d’oïl ; ni dans l’accent, ni dans le patois, nous ne retrouvons l’influence occitane ».

    Noëlle Bertrand, Histoire démographique de Colondannes, village creusois (1623-1802) in Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, 1974, p. 427

  • Dans un ouvrage de Stephan Mietzke[8], enseignant à l’Université de Rennes, consacré au Croissant, on apprend qu’un texte en dialecte occitan limousin "standard" intitulé lo Dalus et écrit par la Corrézienne Marcelle Delpastre a été enregistré puis proposé aux locuteurs marchois de la Creuse : 
  • L’analyse de Dun-le-Palestel montre que 75% des personnes rencontrées ne comprennent pas le texte qui leur est lu en occitan limousin ou juste quelques mots et que  25% d’entre elles ne comprennent qu’un peu ce texte.
  • L’ensemble des locuteurs constate des différences entre le limousin standard et leur parler : les différences qui font l’unanimité sont le traitement des diphtongues et les terminaisons. Pour les ¾ d’entre eux, c’est l’accent qui est manifestement différent et pour la moitié d’entre eux c’est la prononciation de CH.

  • Pour Saint-Priest-la-Feuille, les réponses sont sensiblement identiques : 2 personnes sur 3 ne comprennent pas le texte entendu ou juste quelques mots.1 sur 3 ne comprend qu’un peu ce texte.

    Là aussi, la totalité des locuteurs constate des différences entre le limousin et leur parler marchois : la différence qui fait l’unanimité concerne le vocabulaire. Les deux tiers des personnes notent que les terminaisons et l’accent diffèrent et pour un tiers c’est la prononciation de CH.

  •  A Naillat, la moitié des personnes interrogées ne comprend pas le texte hormis quelques mots, l’autre moitié y arrive mais en faisant un effort de concentration.

  • A Lafat comme à Maison-Feyne, personne ne comprend le texte sauf quelques mots pour certains.

    Les locuteurs de ces localités remarquent unanimement comme différences principales  le vocabulaire et l’accent et une personne sur deux note le traitement particulier de CH.

  • A Saint-Léger-Bridereix, les 2/3 des informateurs ont dit qu'ils ne comprenaient rien au texte proposé à l’écoute.

  • Même constat à Nouzerolles et Colondannes où l’autre tiers expliquait ne comprendre que certains mots.

                           

                1 = Dun -le-Palestel, 2 = Saint-Priest-la-Feuille, 3 = Naillat, 4 = Saint-Léger-Bridereix, 5 = Nouzerolles,

                                                              6 = Colondannes, 7 = Maison-Feyne, 8 = Lafat

 

On le voit, pour une immense majorité des locuteurs des points d’enquête étudiés il n’y a pas d’intercompréhension possible avec le limousin, dialecte d’oc :

  • 50 % des personnes de Dun n’avait pas entendu cette manière de parler et toutes l’identifiait comme venant du sud.
  • Les 2/3 de celles rencontrées à Saint-Priest-la-Feuille ne connaissait pas cette manière de parler.
  • Aucun des informateurs de  Maison-Feyne n’avait entendu parler ainsi.

Il est très intéressant de noter que Stephan Mietzke a aussi enquêté dans des communes situées en zone limousine et limitrophes du domaine marchois. Si on prend le cas du Grand Bourg[9], l’ensemble des locuteurs arrive à comprendre plus ou moins bien le texte en limousin dit standard même si les informateurs font état de différences de prononciation ou de lexique. Il en va exactement de même pour Jansannes[10] commune elle aussi située en zone d’oc voisine de la zone marchoiss. Pour ces deux communes linguistiquement limousine, l’intercompréhension est donc valide contrairement aux communes du Croissant.

  • Bénédicte Boyrie-Fénié et son mari Jean-Jacques Fénié, spécialistes de la toponymie occitane, écrivent en 2007 dans leur livre Toponymie des pays occitans que La Souterraine est située « aux confins des pays d’oïl, dans le "Croissant" (…) » et que « Subterranea en 1268, représente (…) une forme d’oïl (…) »
  •  Nicolas Quint écrit en 1991 au sujet du marchois parlé à Saint-Priest-la-Feuille : « à mon avis, le marchois peut être considéré comme un dialecte occitan (surtout à cause des conjugaisons et du vocabulaire). Mais il n’est pas illégitime de penser le contraire, ou tout du moins de dire que le marchois n’est pas ou plus de l’occitan puisque l’intercompréhension avec les dialectes méridionaux n’est plus possible de nos jours. » Ce linguiste écrira quelques années plus tard que « les parlers marchois se distinguent nettement des parlers limousins méridionaux sur les plans phonétique et morpho-syntaxique ». « Le marchois, bien que nettement distinct du limousin méridional et du berrichon, présente une fragmentation dialectale particulièrement poussée » (...) « ces différences locales sont avant tout senties comme une différence d’accent et n’empêche absolument pas l’intercompréhension ». Source : AIEO, colloque Jeunes chercheurs en domaine occitan, N° 14, 1998  

Allier

  • Simone Escoffier, membre de l’Institut de linguistique romane Pierre Gardette à Lyon, a participé aux relevés de l’Atlas linguistique et ethnographique du lyonnais. En 1958, elle écrit : « je rencontrais, sur le versant occidental des Monts de la Madeleine, des parlers où se mêlaient curieusement langue d’oïl et langue d’oc (…) ». Elle définit une zone « de parlers intermédiaires, entre oc et oïl » ou bien encore une zone « mixte » qu'elle distingue à la fois des dialectes d'oïl et francoprovençaux mais aussi de l'auvergnat et qui constitue une aire à part.
  • Camille Gagnon était magistrat, président des Amis de Montluçon et vice-président de la Société d'émulation du Bourbonnais. Il a publié plusieurs ouvrages dont Le folklore bourbonnais - les parlers, en 1972 dans lequel il aborde à plusieurs reprises la question linguistique :

    - « Les limites qui séparaient autrefois les diocèses de Bourges et de Clermont, en terre bourbonnaise, ont été proposées pour indiquer la division entre la partie de langue d'oïl pure et celle où la langue d'oc apparaît. A l'examen, pourtant, il n'est pas difficile de relever des traces d'oc dans l'ancien diocèse de Bourges tandis que la langue d'oïl, plus ou moins teintée d'oc, pousse des pointes lointaines en deçà de ces limites ». p. 20

    - « Si l'on abandonne les discussions de détail, il semble que les deux langues, l'une montante et l'autre descendante se rencontrent au sud du Bourbonnais et se compénètrent réciproquement. Aussi trouvera-t-on en terre d'oïl de nombreux termes venus d'oc, de même qu'en territoire d'oc, on relèvera des tournures d'oïl. Mais il est indéniable que les parlers de Combrailles, de Gannat, de la Limagne ou de la Montagne Bourbonnaise restent imprégnés de langue d'oc tandis que ceux du reste de la province obéissent de manière plus ou moins exclusive à la langue d'oïl ». p. 21

    - « Devant la divergence de ces constatations, pourtant fondées sur des observations sérieuses et faute d'une enquête minutieuse dans chacune des bourgades intéressées, il serait vain de chercher pour l'instant une frontière trop précise. Le problème d'ailleurs se complique du fait que les deux langues ne sont pas toujours tranchées de façon, nette ; des mélanges s'opèrent de façon capricieuse et parfois s'écartent sur un territoire assez large. Le caractère des parlers eux-mêmes reste en discussion. Ainsi, tel auteur rattachera le parler de Ferrières-sur-Sichon à la langue d'oc tandis qu'un autre démontrera sa parenté avec la langue d'oïl. Car les points de repère pour différencier ces parlers varient avec chaque linguiste ». p. 21
  • Avant de décéder en 2000 à Toulouse, Ernest Negre était un spécialiste de la toponymie[11] connu pour son engagement en faveur de l’occitan (il fut professeur de littérature occitane, directeur du collège d'Occitanie à Toulouse). Dans son ouvrage de référence, Toponymie générale de la France, il place en « pays d’oïl » des communes de la moitié nord de la Haute Vienne et de la Creuse, du sud de l’Allier, toutes situées dans le Croissant marchois.
  • Wolfgang Dahmen a mené en 1985 des recherches dialectrométriques en étudiant l’Atlas linguistique et ethnographique du Centre (ALCe) qui comprend des points d’enquête situés dans l’espace linguistique marchois situés à la bordure sud de l’Indre et dans la moitié sud de l’Allier[12]. En ce qui concerne ce département, Wolfgang Dahmen constate que La Petite Marche « est le point d’enregistrement de l’ALCe qui a le plus fortement subi l’influence occitane[13] » tandis que « les points directement voisins montrent un net caractère de transition [14]». Il ajoute que « cela montre clairement le degré d’isolement de ce point d’enregistrement [La Petite Marche - NDLA] même si on le compare aux points qui présentent aussi des influences occitanes[15] ». La Petite Marche constitue donc un îlot plus marqué par la langue d’oc par rapport à Vendat et Ebreuil qui possèdent un profil intermédiaire propre aux communes de l’ensemble du Croissant marchois. Wolfgang Dahmen en conclut qu’ « aucun autre point ne peut être considéré comme vraiment occitan mais qu’il y a plusieurs points portant le caractère transitoire typique du Croissant [16]».

Puy-de-Dôme

  • Ce département n'est concerné que dans son extrème limite nord (voir la carte de Simone Escoffier ICI).

Indre

  • Michel Aubrun fut professeur au lycée de Guéret avant de rejoindre l'Université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand. Historien, spécialiste de l'histoire des paroisses et du monde paysan, il rédige l’avant-propos d’une étude de Guylaine Brun-Tigaud consacrée au marchois parlé à Lourdoueix-Saint-Michel (Indre). Ce spécialiste explique que pour cette paroisse intégrée à la Marche « (…) l’attirance vers le nord n’a jamais manqué (…) ».
  • En 1891, Alphonse Ponroy, dit Piêre de La Loje, écrit avec une orthographe simplifiée qui lui est propre qu’Eguzon dans l’Indre appartenait autrefois à la province de la Marche : «  la populacion y est bilingue, cêtadire que les gens y parlent patois entre eus et fransais avec les étrangers (…) le bêrichon-marchois est le parler de Chantôme ou des environs ».

    Alphonse Ponroy (Piêre de La Loje), Glossaire du Bas Bêri (Indre), 1891

  • Nous avons vu que Wolfgang Dahmen avait procédé à une comparaison dite "test d’identité" de localités présentes dans l’Atlas linguistique du Centre par rapport au français. La commune de Mouhet, au centre-nord du domaine marchois, possède un indice « assez élevé » indiquant une proximité avérée avec le français ce qui renvoie à l'analyse d'Hans Goebl concernant Dun-le-Palestel en Creuse (voir ci-dessous).
  • Stephan Mietzke[17] a consacré au Croissant un ouvrage dans lequel on apprenait qu’un texte audio en occitan limousin avait été proposé à des locuteurs marchois du sud de l’Indre : à Chaillac, les réactions des différents informateurs ont été négatives, ils ont expliqué ne pas être en mesure de comprendre quoi que ce soit de ce qu’ils entendaient en dialecte limousin.

[1] Christophe Matho, Patois et chansons de nos grands-pères marchois, 2010, p. 7

[2] Jean-Pierre Rousselot, Les modifications phonétiques du langage dans le patois d’une famille de Cellefrouin en Charente, 1891

[3] Eric Nowak, Histoire et géographie des parlers poitevins et saintongeais , 2010, p. 90

[4] Gaston Guillaumie, Essai de contribution à l’étude du glossaire périgourdin, 1927, p. 14

[5] Marcel Villoutreix, Noms de lieux du Limousin , 1995

[6] Guy Chambon, Economiein Haute Vienne, Bonneton, 1997

[7] Michel Cassan,Des temps moderne à l’époque contemporaine in Haute Vienne , Bonneton, 1997

[8] Stephan Mietzke, Isoglossenverschiebungen im Croissant, von der  monodimensionalen Sprachgeographie zur pluraldimensionalen Mikrodialektologie, 2000

[9] Ibidem, p. 212

[10] Ibidem, p. 251

[11] Ernest Nègre, Toponymie générale de la France : étymologie de 35000 noms de lieux, 1990-1998

[12] Wolfgang Dahmen, Étude de la situation dialectale dans le centre de la France : un exposé basé sur l’Atlas linguistique et ethnographique du Centre, CNRS, 1985

[13] Ibidem, p. 186

[14] Ibidem, p. 181

[15] Ibidem, p. 180

[16] Ibidem, p. 146

[17] Stephan Mietzke, Isoglossenverschiebungen im Croissant, von der  monodimensionalen Sprachgeographie zur pluraldimensionalen Mikrodialektologie, 2000

                   

 

On peut poursuivre l'analyse avec le travail de deux universitaires :

Dialectométrie

 Hans Goebl

Géographie

Jean Varlet

Hans Goebl est professeur à l’Université de Salzburg en Autriche. Son laboratoire a étudié  les données de l’Atlas Linguistique de la France sur des bases statistiques de ressemblance et/ou de différence entre les différents parlers présents en France : c'est la dialectrométrie.

 

A l'issue de ce travail, Hans Goebl définit en 2004 certains points d’enquête dont font partie Dun-le-Palestel et Lavaufranche au nord de la Haute Marche :

- « ces territoires frontaliers et domaines de passage apparaissent (…) comme des zones dans lesquelles ne pouvait s'épanouir ni la Langue d'Oïl ni la Langue d'Oc (…). Un espace de compromis étendu apparaissait [1]».

- Dun-le-Palestel est décrit comme ayant « un profil d’identité franchement oïlique ».

- Par contre, dans la zone nord-occitane, Seilhac en Corrèze « est tiraillé entre le nord et le sud avec une certaine prépondérance vers le sud » et Villefranche-de-Belvès en Dordogne « revêt une allure occitane à tous les égards [2]».

 

La dialectrométrie est la science qui appréhende de manière statistique les propriétés et l’unité des dialectes.

En Haute Vienne, les Monts de Blond et les Monts de la Marche (cf. monts d’Ambazac)  constituent la frontière entre le Limousin et la Marche. Jean Varlet, professeur de géographie à l'université de Clermont-Ferrand, écrit à leur sujet :

- « Côté sud, un versant limousin, à l’occupation humaine très ancienne (…) en dégradé du sud vers le nord, est davantage tourné vers le midi aquitain (langues d’oc, habitat, toits, emprise politique des vicomtes de Toulouse) ; c’est une marge aquitaine».

- « Côté nord, un versant marchois (…) soumis à l’emprise parisienne dès le Moyen Age : développement d’un semi-bocage complémentaire de l’openfield du Bassin parisien central avec entrée simultanée dans la couronne d’élevage semi-extensif du Bassin parisien ; francisation plus précoce qu’au sud, attraction directe actuelle. C’est une marge parisienne [3]».

Cette description de la Basse Marche faite, Jean Varlet explique qu’au sein de la région Limousin « au nord-est, la Haute Marche est une marge parisienne (…) elle est écartelée en deux sous-ensembles : l’Est attiré par Montluçon, le Centre animé par Guéret [4]».

  

 Nous sommes bien loin d'une appartenance à une "occitanie du nord"...



[1] Hans Goebl, linguistische Interpretation der beiden Bildprofile, http://www.dialectometry.com/korrelation/Interp.php

[2] Hans Goebl, Regards dialectométriques sur les données de l'Atlas linguistique de la France (ALF), 2003

[3] Jean Varlet, Structures et dynamiques de l’espace limousin, Mappemonde, 1996

[4] Jean Varlet, Structures et dynamiques de l’espace limousin, Mappemonde, 1996

 

 

Des militants occitans annexent la Marche en tant que territoire historique et le domaine marchois en tant que territoire linguistique. Pour peu qu’on s’éloigne de ces petits cercles d’initiés et qu’on se réfère aux travaux de scientifiques, d’universitaires, de spécialistes, la vision des choses est bien différente. Il devient même très intéressant de mettre en parallèle trois aspects que sont la langue, l’histoire et la géographie en se focalisant sur la Marche et sur le Limousin et de constater que des points de vue peuvent se rejoindre : la réalité marchoise diverge de celle du Limousin (la Haute Vienne limousine a connu un rayonnement avec Limoges, la Corrèze a donné deux Présidents de la République tandis que la Marche est restée le parent pauvre d’une Région administrative au sein de laquelle son identité a été quasiment gommée).

 

Sur le plan linguistique, Christophe Matho a fort bien résumé la situation : c’est, écrit-il, « (…) comme si le marchois avait été écrasé entre ses deux grands voisins que sont l’occitan et le français. Une langue oubliée qui régnait sur un territoire au faible potentiel économique et au faible poids politique, une région sans grande ville, donc sans intellectuels, sans grands écrivains (…) Le marchois a été ainsi peu retranscrit, négligé. Il a laissé peu de place dans la littérature [18] ».

 

[18] Christophe Matho, Patois et chansons de nos grands-pères marchois, 2010, p. 7

 

Si le Marchois présente des traits communs avec des parlers de langues d'oïl et d’oc, il n'en est pas pour autant un mélange mais constitue une langue distincte avec un lexique qui lui est propre. Le français peut ressembler à l'italien et à l'espagnol et ce n'est pas pour autant un mélange des deux.

L'aire linguistique du marchois ne correspond pas exactement à l'ancien comté ou à l'ancienne province de la Marche : il est parlé aux confins nord-est de la Charente qui fut en partie dans le comté (vers Saint Claud il s'agit de l'Angoumois) tout comme le sud de la Vienne et de l'Indre, le nord de la Haute Vienne et de la Creuse (Basse et Haute Marche et Combraille marchoise). A l'est de la zone linguistique marchoise (Cher et Allier), il s'agit du Bourbonnais.

 

Des phrases en marchois :

 

Grand-païre,

Grand-père,

Las vacansas se chabant, n’allans rentrar. É me ses bian amusa !

Les vacances se terminent, nous allons rentrer. Je me suis bien amusé !

N’espérans que ta santade est boune.

Nous espérons que ta santé est bonne.

Ca me fatigue d’écrire co-ci, é vous bise fort.

Ça me fatigue d’écrire ainsi, je vous embrasse fort.

 

Moun grand-païre,

Mon grand-père,

É commence a parlar le patois /patoué/. Ca n’est pas si facile que co.

Je commence à parler le patois. Ce n’est pas si facile que ça.

É te demande de tas nouvellas, neus pensans qu’ellas sount bounas. N’allans bian.

Je te demande de tes nouvelles, nous espérons qu’elles sont bonnes. Nous allons bien.

Bise grand-maïre par me. Neus vous embrassans.

Embrasse grand-mère pour moi. Nous vous embrassons.

PS : ca vaït plaure…

PS : il va pleuvoir

 

« ca fait chaud » /ka fé tsao/ > il fait chaud

« ca fait fraid » /ka fé fraye/ > il fait froid

« ca plaut » /ka plao/ > il pleut

« ou est brave » /ou é brav’/ > il est beau

« ou vend » /ou van/ > il vend

« ca vait bian » /ka vé byan/ > ça va bien

 

Ces petits textes datent des années 1970 (Pierre Lauby, Saint-Sylvain-Montaigut en Creuse, au sud du domaine linguistique marchois qui est au contact du domaine d'oc).

 

A Dompierre-les-Églises en Basse Marche (87), on peut entendre « si ce pleut, y vaus plantar dos pouras ».

Prononciation : /si ke pleu i vo planta do poura/ [si k? plø i vo pla~ta do pura]

Traduction : Si ça pleut (s'il pleut), je vais planter des poireaux

D’après les relevés de Maximilien Guérin, Enquête sur le parler marchois de Dompierre-les-Églises (Haute-Vienne), Colloque Le Croissant linguistique et le Parler marchois - La Celle Dunoise, 2016

 

Toujours dans le domaine linguistique marchois, le poireau est appelé :

- Un poura prononcé /poura/ à Agris et Alloue (Charente), /poura/ à Asnières et /pora/ à Pressac (Vienne).

- Une pourée /pouré/ à Coulonges (Vienne), un pouré /poré/ à Lourdoueix-Saint-Michel (Indre), un poure /pour’/ à Ebreuil, La Petite Marche (Allier).

- Une pourade émis /pourad’/ à Saint-Claud (Charente), /porad’/ à Pressac (Vienne), et /pourad’/ ou /porad’/ à Darnac (Haute Vienne).

- Un poireau prononcé /pouèro/ ou /pouaryo/ à Lourdoueix-Saint-Michel, /pouryo/ à Vijon (Indre).

 

 

              

                                                      Carte IGN (ajout en rouge de la Marche par nos soins)

 

Cette carte, réalisée par l'IGN (Institut géographique national) permet de situer la zone linguistique marchoise qui correspond, dans sa moitié gauche, à l'ancien territoire de la Marche où l'on parle le marchois.

Il s'agit des parties :

- sud-est du Bas Poitou (Vienne et Charente dont certaines parties du territoire furent marchoises),

- sud du Bas Berry (Indre et Cher. Là encore, une partie de l'Indre fut marchoise),

- nord de la Haute Vienne (Basse Marche),

- la moitié nord de la Creuse (Haute Marche).

 

                                                                 

 

 

Le marchois face à l'occitanisme

 

Les langues romanes sont nées, se sont développées parallèlement les unes aux autres et ont pu et s’enrichir mutuellement aux zones de contact.

On sait que l'immense majorité des langues du monde n'ont pas été écrites (les langues gauloises par exemple), elles étaient d’abord un mode d'expression oral.

Au Moyen Âge, l'occitan a été une langue au service d'une communauté humaine et d'une culture importante, la langue lyrique des troubadours, utilisée aussi sur un plan juridique ou administratif. Elle est riche d'une culture et d'une littérature à la fois ancienne et moderne. Il en va de même pour le français bien sûr.

Pour autant, il n’existe aujourd’hui aucun hégémonisme linguistique de la part de défenseurs de la langue d’oïl qui est reconnue comme n’étant pas unifiée mais composée de multiples facettes (le français, le wallon, par exemple). 

Ce n'est pas tout à fait la même chose avec l’occitan qui est marqué par un réel hégémonisme défendu, comme l'écrivait l'écrivain occitan René Merle, par des « missionnaires laïques »

René Merle, L’Identité occitane, brouillage de l’opposition de classe - Actes du Colloque international A.I.E.O et C.I.D.O, 1986

 

Le marchois se parle dans une zone défavorisée au plan démographique et économique. Il n’a pas bénéficié d'une littérature suffisamment  importante pour le promouvoir. Pour autant, il a existé et il existe encore en gardant son identité propre : sa différence avec les langues d’oc et d’oïl sera soulignée par le linguiste Nicolas Quint qui explique que « de l'avis général, le parler de Saint-Priest ne permet pas l'intercompréhension avec le limousin, et il est aussi distinct des parlers du Berry, plus au nord ».

Nicolas QUINT, Le parler Marchois de Saint-Priest-La-Feuille (Creuse), p. 2

 

Défendre le marchois, le faire connaître et reconnaître, n'est en rien une démarche régionaliste, il s'agit plutôt de lui redonner, ainsi qu'à ses locuteurs, dignité et reconnaissance. Après avoir été éclipsé par le français à partir du XIXe siècle, voilà cette langue menacée d'assimilation par les tenants de l'occitanisme. Longtemps les Marchois ont minoré leur langue, ne lui accordant qu'une reconnaissance limitée, la considérant comme un faux patois au regard du français. Aujourd'hui, l'occitanisme tend à vouloir se nicher dans le nid marchois et à vouloir assimiler toute notre singularité... Pourtant, de nombreux historiens, géographes, linguistes, reconnaissent la particularité marchoise, qu'elle soit historique, géographique ou linguistique.

 

  • « La vérité est que les départements de la Corrèze et de la Haute-Vienne ont chacun leur dialecte occitanien distinct et resserré dans leurs limites géographiques et politiques, sauf quelques modifications aux environs des frontières. Quant aux départements de la Charente, de la Vienne, de la Creuse, et, à plus forte raison, du Cher et de l'Indre-et-Loire, ils ont des patois tout différents appartenant à la langue d'Oil. » Émile Ruben in Foucaud, Poésies en patois limousin, 1866
  • « (…) les Marchois ont très nettement conscience d’avoir une identité linguistique propre et différente des Berrichons au Nord et des Limousins méridionaux au Sud. » Nicolas Quint, Actes du colloque Jeunes chercheurs en domaine occitan, AIEO, 1998.

Le marchois présente donc certaines ressemblances avec des langues d'oïl (le français, le bourbonnais, le poitevin, le berrichon) et des dialectes d'oc (le limousin, l'auvergnat) : ces ressemblances tiennent à la fois à leur parenté (toutes ces langues sont romanes) et à leur proximité géographique. Dans le Nord de la Creuse proche du Poitou, du Berry et du Bourbonnais, le marchois sera plus imprégné d’oïl tandis que dans le sud creusois, le haut-marchois est lui clairement d'oc. Pour autant,  un Brésilien parle le portugais et ce n'est pas pour autant un Portugais. Un Autrichien, un Suisse,  parlent une langue très proche de l'allemand mais ils ne sont pas allemands.

 

 

                                                          

 

Le marchois, un dialecte occitan ?

Depuis quand ?

 

La théorie

Le militant nationaliste occitan François Fontan écrivait en 1969, au sujet du Croissant que « les dialectes de cette zone sont de l'occitan francisé, à des degrés divers selon les communes, et le résultat est un véritables chaos linguistique. Cette demi francisation étant récente, nous considérons (avec Tourlouron) cette zone comme occitane ».

François Fontan, La nation occitane, ses frontières, ses régions, 1969

 

F. Fontan parle d’occitan francisé, de demi francisation qu’il considère comme étant récente mais sans donner plus de précision quand à une éventuelle datation. Ce point de vue militant peut être confronté à d’autres analyses qui ne disent pas exactement la même chose :

 

D’autres avis :

1.    René Louis fut professeur de littérature médiévale à l'Université de Paris X-Nanterre. Il estimait lui que « le dialecte mixte dit « marchois » devait bien exister aussi au XIIIe siècle et s’étendre au-delà de Guéret jusqu’aux confins de l’Auvergne et du Bourbonnais (…) ». Il se tournait aussi vers l’ouest de la Marche et écrivait qu’ « il se peut que durant une période antérieure au XIIIe siècle, le Sud-Est du Poitou ait parlé un langage à la fois composite et instable, analogue au « marchois » actuel ».

René Louis, Girart, comte de Vienne dans les chansons de geste, 1947, p. 268

 

2.   L’abbé J-P Rousselot estimait que c’est autour de l’an 1000 que la région de Cellefroin en Charente marchoise « entre dans la sphère d’influence du Nord » grâce à la vallée du Son qui « fait communiquer comme deux mondes et deux civilisations ». L’évolution phonétique se caractérise alors par la présence de traits limousins dans le marchois qui connaît aussi une forte influence française. En conclusion, Rousselot estime que c’est bien au XIe siècle « après la transformation de l’A tonique libre en E et la chute des instantanées médiales (…) que la partie inférieure de la vallée du Son [en aval] entre dans la sphère d’influence du Nord tandis que la partie supérieure [en amont] reste fidèle à la tradition méridionale ».

Jean-Pierre Rousselot, ouvrage cité

 

3.   Ce même abbé Rousselot faisait remarquer que le E muet, propre au marchois et aux langues d’oïl « était déjà tombé entre L et F au milieu du XVIe siècle » puisque Cellefrouin s’écrivait Selfroin dans un acte de 1547 et que « c’était évidemment la forme populaire du nom de Cellefrouin ». Rousselot estime que cette partie marchoise de la vallée du Son est entrée dans la sphère d’influence du Nord au XIe siècle avec comme marqueur la transformation de l’A latin en E tandis que la zone où l’on parle limousin qui ne connaissait pas cette transformation, demeurait sous l’influence linguistique du Midi.

 

4.   En Creuse, la présence du E muet en fin de mot est attestée dès le XIIIe siècle : c’est le cas à Méasnes avec Champaville orthographié ainsi en 1223 (puis en 1427 et en 1453 dans le cartulaire d’Aubepierre), l’Age-Bardou à Viersat orthographié Lage-Bardo dès 1221. On peut aussi citer La Charpagne à Fresselines que l’on retrouve sous la forme domus pauperum de la Charpaigne en 1247 (charte d’Aubignac). Conséquence directe du E muet en fin de mot, on retrouve en marchois la terminaison en ES au féminin pluriel issue du français qui cohabite en marchois avec la terminaison en AS. Si on prend comme repère le mot forge dans tout ce qu’il peut avoir comme lien quotidien avec l’usage social de la langue, on peut constater que le village Les Forges à Chéniers s’écrivait Las forges en 1211 soit exactement ce qui se dit aujourd’hui. Ce même toponyme est aussi présent sous la forme Villa de Forges en 1269 dans la charte d’Aubepierre.

Source : Abbé Lecler, Dictionnaire topographique, archéologique et historique de la Creuse, 1902

 

Des mots féminins qui se terminent par un E muet sont attestés au XIIIe siècle et la chute des consonnes finales ainsi que l’utilisation du CH d’oïl sont avérées au XIIe siècle. Tout cela n’est pas anodin d’un point de vue linguistique et historique. L’idée que le vocabulaire et la phonétique marchois auraient été autrefois purement occitan et que le français se serait récemment superposé ne résiste pas à l’étude des faits.

 

La théorie :

Le livre Langue et mémoire du pays de Guéret est le résultat d’une enquête confiée par le Conseil général de la Creuse à l’Institut d’études occitanes du Limousin qui, par définition, assure la promotion du fait occitan. Evoquant le comté de la Marche, on peut lire qu’ « aux marges de l’Aquitaine, du Berry et de l’Auvergne, cette province, écartelée entre Haute et Basse Marche, conserva un facteur d’unité : la langue occitane. Elle prit ici une teinte toute particulière pour donner naissance au marchois appelé aussi dialecte du croissant (…) ». Pour les auteurs de cet ouvrage, le marchois serait « l’héritage probable d’un dialecte occitan médiéval qui aurait concerné l’ancienne province de la Marche et dont l’aire se serait étendue plus largement vers l’Angoumois et le Poitou ».

Jean-François Vignaud, Michel Manville, Langue et mémoire du pays de Guéret, 2007, p. 11 et p.106

 

Cette théorie qui ferait du marchois un dialecte occitan propre à la Marche est bien difficile à concevoir. Sur quelle base s’appuie-t-elle ? Ce n’est pas précisé.

 

D’autres avis :

5.    Dès le Bas Moyen Age (1300-1450), c'est uniquement la langue française tend à remplacer le latin dans les actes administratifs de la Marche : par exemple, Antoine Thomas cite le cartulaire des Ternes qui a conservé un acte de 1336 du sénéchal Philippe de Champrapin ou bien encore un jugement des assises de Felletin daté de 1355 qui sont rédigés en français. A. Thomas explique que « le plumitif des audiences de la sénéchaussée de la Marche est en français : il devait être rédigé habituellement en cette langue depuis longtemps. ».

 

6.    Autre éclairage que celui fourni par David Glomot, agrégé et chargé de cours à l'Université de Limoges, qui a étudié les terriers de la Haute Marche au XVe siècle. Il montre que ces registres administratifs sont « (…) écrits en excellent français et non en langue occitane (…) ».

David Glomot, La Combraille à la fin du Moyen Age in Le Limousin, pays et identités, 2006

 

7.    On pourrait encore citer l’instituteur creusois Pierre Valadeau qui publie des passages d’un terrier de la Souterraine de 1388, lui aussi écrit en français.

Pierre Valadeau, Le canton de la Souterraine, 1901

 

L’utilisation de la « langue du roi » au niveau administratif n’est donc pas une exception dans la Marche au Moyen Age, loin s’en faut et Antoine Thomas faisait même remarquer qu’il n’y avait pas d’actes rédigés en langue d’oc pendant cette période. L’idée même que la Marche aurait conservé « un facteur d’unité : la langue occitane » peut être confrontée à une réalité historique, celle de la Coutume de Charroux de 1247, première capitale de la Marche et célèbre lieu saint à son époque.

 

8.    En 1843, l’historien Armand-Désiré La Fontenelle de Vaudoré explique que la première Coutume de Charroux, celle de 1176, était écrite en latin. Pour la seconde qui date de 1247, il signale « que cette seconde coutume est en langue vulgaire, c’est-à-dire dans l’idiome qui était alors parlé dans le pays, et qui est un mélange de la langue d’oc et de la langue d’oïl ».

Armand-Désiré La Fontenelle de Vaudoré, Les coutumes de Charroux, 1843, p. 12

 

9.    Anatole Boucherie, Charentais et co-fondateur de la Société des langues romanes, décrit Charroux comme étant « localité très importante, située sur la frontière du Poitou et du Limousin » et qui présente de « curieuses Coutumes qui datent de 1247 ». Il explique que, tant pour Angoulême que pour Charroux, « leur langue écrite, leur dialecte s'est ressenti du voisinage immédiat de la langue d'oc; mais l’empreinte n'est que superficielle et incomplète. Malgré les emprunts forcés ou volontaires faits à la langue voisine, il est resté fidèle au type poitevin dans ses principes essentiels ».

Anatole Boucherie, Le dialecte poitevin au XIIIe siècle, 1873, pp. XI-XVII

 

10.    Jacques Pignon est né dans la Vienne. Agrégé de grammaire, il devint d’abord professeur de philologie française à Poitiers puis occupa la chaire de phonétique générale expérimentale à la Sorbonne avant de décéder en 1965. Un siècle après les deux auteurs précédents, cet universitaire s’est à son tour  intéressé à la Coutume de Charroux : il constate lui aussi que l’ancienne capitale de la Marche présente « la plupart des traits communs à la partie occidentale du domaine d’oïl ».

Jacques Pignon, La langue de la Seconde Coutume de Charroux, 1960

 

Il ne s’agit pas de faire de la Coutume de Charroux l’archétype du marchois médiéval mais on peut toutefois envisager ce qu’il aurait pu être au XIIIe siècle. Et ce n’est pas à l’évidence de l’occitan. Pour le Limougeaud Emile Ruben, « la Loire, pas plus au moyen âge que de nos jours, n’a été une frontière philologique ; ceci est prouvé par l’inspection des documents et notamment par la Charte de Charroux, lieu peu distant du Limousin actuel, charte qui est du XIIIe siècle ».

Emile Ruben, Etude sur le patois du Haut-Limousin, in Poésies en patois limousin, 1866, p. LII

 

La fable d’Ésope intitulée « La bise et le soleil » a été traduite en languedocien (montpelliérain et rouergat), en auvergnat, en provençal, en gascon et en marchois. Ces différentes versions ont été retranscrites selon les normes de la graphie occitane dite classique (cf. la grammaire d’Alibert et les travaux du Conselh de la Lenga Occitana). Les traducteurs ont observé qu’en remontant vers le Nord « (…) le marchois s’éloigne considérablement de ces standards ».

Rafèu Sichel-Bazin, Nicolas Quint, Norme et variation à l’âge des corpus informatisés pour les langues régionales de France, 2015

 

 

Certains spécialistes classent même le marchois parmi les langues d'oïl... 

Quelques  exemples :

 

- En 1995, le Centre du domaine d’oïl avait été étudié par Marie-Rose Simoni-Aurembou, originaire de l’Allier, qui fut linguiste et directeur de recherche au CNRS. Le Sud-Ouest l’avait été par Brigitte Horiot, elle aussi linguiste. On constate avec la carte ci-dessus que le Croissant marchois délimite un espace linguistique clairement distinct de l’occitan et intégré à celui d’oïl… 

 

                                  

                                     Carte tirée de l’ouvrage Français de France et Français du Canada :

les parlers de l’Ouest de la France,du Québec et de l’Acadie (1995)

 

- Ce type de carte n’est pas exceptionnel. Ernest Negre fut professeur de philologie et de littérature occitane à la Faculté de lettres de l'Institut catholique de Toulouse, directeur du collège d'Occitanie, association fondée en 1927 qui assure toujours des cours de langue occitane. Ce toponymiste et spécialiste d'occitan en propose une quasi identique à la même époque (ajout de l'espace marchois en rouge par nos soins) :

                     

 

 

carte tirée de Ernest Negre, Toponymie générale de la France, 1990

 

- En 1976, Gaston Tuaillon, ancien du CNRS, professeur d’histoire du français et de dialectologie gallo-romane à l’Université Stendhal-Grenoble III, fondateur de la revue Géolinguistique, effectue le même "découpage" :

                                                                                     

 

Carte tirée de : Gaston Tuaillon, Comportement de recherche en dialectologie française, 1976

  

 

- Henriette Walter fut professeur de linguistique à l’université et directrice du laboratoire de phonologie à l'École pratique des hautes études (Sorbonne). Pour elle, la frontière entre les régions de langues d'oc et celles de langues d'oïl passe à l'est entre Valence (zone d'oc) et Saint Etienne (zone de francoprovençal) et à l'ouest entre Bellac (zone d'oc) et Le Dorat (zone d'oïl). On le voit, cette spécialiste classe Le Dorat où est parlé le marchois en zone d’oïl. Elle fait de même à l’est du Croissant pour la ville de Vichy :

     

               

 

Sur une autre carte, Henriette Walter opère logiquement la distinction linguistique entre le Dorat et Bellac en Haute Vienne, en Creuse entre La Souterraine, Guéret et Chatelus-Malvaleix d’un côté, Bénévent, Pontarion et Jarnages de l’autre, ce qui correspond tout à fait à la limite marchois/langue d’oc. Par contre, dans l’Allier, elle sépare Escurolles de Gannat alors que ces deux communes sont situées toutes deux dans le Croissant tout comme Cusset :

  

   

                              Cartes tirées de : Henriette Walter, Le Français d'ici, de là, de là-bas, 1998

 

- En 2009, l’étude FORA (Francoprovençal et occitan en Rhône-Alpes) commandée par la Région Rhône-Alpes, a été pilotée par l’Institut Pierre Gardette en coopération avec l’Institut national de recherche pédagogique (INRP), les laboratoires de recherche Interactions, corpus, apprentissages, représentations (ICAR) et Dynamique du langage (DDL), du Centre de dialectologie de Grenoble et de nombreuses associations. On trouve cette carte p. 14 : le domaine marchois (cf. le nord de la Creuse et de la Haute Vienne,) n'est pas indiqué sur cette carte et se retrouve inclus dans le domaine d'oïl.

                                                                                           

                   

 

La référence à la langue d'oïl est fréquente, même si elle est erronée puisque le marchois n'est pas plus d'oïl que d'oc. Autre exemple :

 

·         Le linguistique Sever Pop (université de Bucarest) fut un spécialiste de la dialectologie, de géographie linguistique, et il créa en 1951 le Centre international de dialectologie générale. Un an plus tôt, cet universitaire roumain qui écrivait aussi en français publie un ouvrage de référence intitulé La dialectologie. Il y aborde le travail des "provençalistes" de Tourtoulon et de Bringuier et indique que la ligne qui sépare le français (langue d’oïl) du provençal (langue d’oc) passe en Charente au sud de la Rochette et qu’elle se dirige ensuite vers l’est (La Rochette est en zone linguistique marchoise). « A partir de la localité d’Agris [commune charentaise située dans la zone linguistique marchoise] (…), la ligne présente la forme d’un croissant dans lequel on rencontre des parlers intermédiaires. Laissant à la langue d’oïl la localité de Saint-Claud [autre commune charentaise située dans la zone linguistique marchoise], elle traverse la Vienne entre Confolens et Availles-Limouzine, se dirige presque en ligne droite vers l’est, passant entre Bellac et Le Dorat [commune de Basse Marche en zone linguistique marchoise] et, laissant au Sud les localités de Chateauponsac, Bessines, Bénévent et Grand-Bourg, elle arrive à Saint Vaury (au nord de Guéret, qui appartient à la langue d’oïl) [communes de Haute Marche elles aussi en zone linguistique marchoise] (…) ».

Sever Pop, La dialectologie, aperçu historique et méthodes d’enquête linguistiques (première partie), 1950, p. 299

 

Le marchois présente donc certaines ressemblances avec des langues d'oil (le français, le bourbonnais, le poitevin, le berrichon) et des dialectes d'oc (le limousin, l'auvergnat) : ces ressemblances tiennent à la fois à leur parenté (toutes ces langues sont romanes) et à leur proximité géographique. Dans le Nord de la Creuse proche du Poitou, du Berry et du Bourbonnais, le marchois sera plus imprégné d’oil tandis que dans le sud creusois, le haut-marchois est lui clairement d'oc. Pour autant,  un Brésilien parle le portugais et ce n'est pas pour autant un Portugais. Un Autrichien, un Suisse,  parlent une langue très proche de l'allemand mais ils ne sont pas allemands.

 

                                                                 

 

 

 

 

Parlait-on « occitan » dans la Marche ?

 

1.    Au milieu du XIXe siècle, le Limougeaud Emile Ruben s’interrogeait déjà sur la spécificité marchoise par rapport au dialecte limousin : « faut-il penser, comme on l’a avancé, que la langue d’oïl a envahi peu à peu les deux tiers de l’arrondissement de Bellac et la plus grande partie du département de la Creuse ? On se demande, dans ce cas, comment il se fait que le flux wallon se soit arrêté juste aux frontières de l’ancienne Marche. Faut-il croire que l’altération du langage de la Marche remonte à l’institution de cette partie du territoire limousin et à son organisation particulière ? ». Il ajoutait qu’« il faut aussi se demander si la physionomie française de ces patois n’est pas traditionnelle et antérieure à l’érection de la Marche en gouvernement distinct. Certains faits semblent donner du poids à cette supposition ».

Emile Ruben, Etude sur le patois du Haut-Limousin, in Poésies en patois limousin, 1866, p. LX

 

2.      Camille Chabaneau est né en Dordogne et enseigna à la Faculté des lettres de Montpellier (il était membre du Félibrige). En 1892, dans La langue et la littérature du Limousin, notice préalablement publiée dans la Revue des Langues romanes, ce spécialiste  aborde la question du dialecte limousin. Il distingue le haut limousin parlé dans la Haute Vienne « avec les parties voisines de la Charente et la moitié occidentale de la Creuse » et le bas-limousin parlé en Corrèze et dans la « moitié orientale de la Creuse ». S’il ne cite pas explicitement le marchois, il précise au sujet du dialecte limousin pris dans sa globalité qu’ « en revanche, il n’atteint pas partout, au Nord et au Midi, les limites extrêmes de la province ».

                                 Camille Chabaneau, La langue et la littérature du Limousin, 1892, p. 380

 

3.    Onésime Reclus, célèbre géographe originaire du Béarn, pense la même chose au tout début du XXe siècle : il écrit que « pour plus d'exactitude, le vieil idiome d'oc, disons aujourd'hui le patois d'oc, n'a jamais régné dans toute la Marche ».

Onésime Reclus, La France à vol d'oiseau, 1908, p. 60

 

4.    Christophe Matho explique fort justement que si le sud du comté de la Marche parlait la langue d’oc, il prend soin d’ajouter que « le nord accueillait un dialecte très particulier, intermédiaire entre l’occitan et la langue d’oïl que l’on parle au-delà des frontières de l’ancienne province : le marchois ».                   Christophe Matho, Patois et chansons de nos grands-pères marchois, CPE, 2010, p. 7

 

5.     Valeen Barraud a suivi des études de valorisation du patrimoine à l’université de Limoges. En 2011, dans un de ses articles, on peut lire que « la Marche fait partie intégrante de la région limousine tout en se distinguant du Limousin. Les pratiques et les usages diffèrent entre ces deux pays pourtant intimement liés sur les contreforts du Massif Central. En Marche, on parle la langue d’Oil et on obéit à une tradition orale, le droit coutumier. En Limousin, le droit est écrit et les discours se font en langue d’Oc ».

Valeen Barraud, Détours en Limousin , 2011, http://www.detours-en-limousin.com/

 

NB : il faut bien sûr distinguer la langue administrative (qui fut le français et non l'occitan) de la langue parlée au quotidien.

 

Le mythe occitan face à la réalité marchoise

 

« Le Limousin est une région de l’Occitanie à part entière, et ses habitants sont les victimes d’un colonialisme intérieur qui les porte au dénigrement de ce qu’ils sont, à la négation de leur identité occitane, les incite à la passivité face à la domination culturelle du français » écrit l’artiste et éditeur occitan limousin Jan Dau Melhau.

Jan Dau Melhau, La Lettre du Limousin n°73 - 5 - Juillet / Août 2007

 

·         On peut donc affirmer que si la Marche est devenue depuis les années 1950 une composante (non officiellement reconnue) de la région Limousin, ses habitants sont les victimes d’un colonialisme extérieur (occitan) qui les porte au dénigrement de ce qu’ils sont, à la négation de leur "identité" marchoise, les incite à la passivité face à la domination culturelle de l'occitan. Pas un militant occitan ne pourrait donc décemment reprocher aux Marchois de défendre leur histoire, leur langue.

 

« Présenter l’occitan en faisant croire que ce serait du français (...), c’est donc dans le meilleur des cas de l’ignorance et, dans le pire des cas, une manipulation qui a pour but de nier l’identité occitane et de justifier la politique française de génocide culturel ».

Iniciativa occitania, L’occitan n’est pas un dialecte du français !, 2009, http://www.iniciativaoc.org

 

·         On peut donc en déduire que présenter le marchois en faisant croire que ce serait de  l'occitan, c’est donc dans le meilleur des cas de l’ignorance et, dans le pire des cas, une manipulation qui a pour but de nier la réalité marchoise et de justifier la politique occitane d' "assimilation".

 

Les études linguistiques sont devenues, hélas, un sport de combat. Les noms d’oiseaux volent dès lors qu’on n’est pas d’accord, les invectives fusent, les insultes aussi. La langue est une arme au service des questions nationales et on voit que l’occitan n’échappe pas à cette règle. Dans sa Géographie linguistique, Albert Dauzat écrivait qu’ « en linguistique comme dans les luttes sociales, la victoire est aux bataillons nombreux ». L’Histoire, y compris celle des luttes ouvrières, a aussi démontré que David pouvait gagner contre Goliath…

                          

Pour lire les documents ci-dessous, cliquez sur chaque image :

                                        

Prénoms

Toponymie marchoise

Vocabulaire

La Creuse est marchoise

 

 

Qu'on se le dise, la Marche, le Bourbonnais, sont des terres ni plus belles, ni plus grandes, ni plus merveilleuses que d’autres...

Le marchois une langue ni plus belle, ni plus grande, ni plus merveilleuse que d’autres...

Pour autant, ils sont bien vivants en plein XXIème siècle, riches de leur passé.

Qu’on soit né ici, qu’on y ait ses racines ou qu’on y vive depuis peu, cette terre est et reste accueillante.

La Creuse, le nord de la Haute Vienne, le sud de la Vienne, de l'Indre, tec., sont marchoises. L'Allier est bourbonnais. Tout simplement.

La Creuse, l'Allier, le Cher, l'Indre, etc., ne sont pas des territoires occitans du fait de leur proximité avec l'occitan limousin ou auvergnat.

L'occitanie n'a jamais existé en tant que telle, la Marche, l'Angoumois, la Combraille, le Bourbonnais, tout au contraire, ont été et demeurent une réalité.

A lire la production occitaniste plus ou mois récente, on s’aperçoit assez rapidement que certains thèmes historiques reviennent très fréquemment :

 

- Les troubadours et l’expression artistique occitane.

 

- La croisade contre les albigeois et le massacre des cathares.

 

- le droit écrit des pays du sud face à la Coutume du nord.

 

Ces trois grands thèmes sont peu ou prou contemporains et ont façonné l’ « identité occitane ». Etre occitan, c’est partager ce passé commun ce qui n'est pas le cas des Marchois, des Bourbonnais, etc.

 

Plus d'infos concernant l'aspect sociolinguistique ?

- les clochers-murs et l'architecture occitane.

- les moulins à eau à roue verticale (oïl) ou horizontale (oc)

- Pour lire l'étude des noms de famille "typiquement limousins" et la singularité de la Marche, cliquez ICI

 

pour consulter le sommaire et la bibliographie du livre La Creuse en Marche,

cliquez sur la vache marchoise

 

Pourquoi la Creuse n'est ni limousine ni occitane : cliquez sur l'image     

 

La Basse Marche, tiers nord de la Haute Vienne : cliquez sur l'image         

 

 

                                                       

                   les.etudes.marchoises@gmail.com